Il faut arrêter de nous beurrer les lunettes … le 7

Gagner 12 500 € avec une mise de départ de 250 € ! Oui, oui, vous avez bien lu ! 5000 % … un rendement bien supérieur à tout ce que peut proposer un trader. Et même beaucoup plus rentable qu’un … trafic de oinje ! Et tout cela de manière tout à fait légale.

Cet article va expliquer pourquoi les jeunes dealer sont asbeen, ils n’ont pas compris pourquoi ils se sont fait dépasser par le commerce légal !

Et peut-être même que vous avez déjà été le dindon de la farce et que vous avez contribué à enrichir un petit filou très malin.

Regardez ce site, bien sous toutes les coutures, avec un nom qui porte le mot magique « bio » et qui commence par « Franc », histoire d’inscrire dans la tête du visiteur que c’est du « made in France »

Tout est fait pour installer dans notre esprit que nous visitons un site de qualité, qui propose des articles originaux, que l’on ne trouve pas ailleurs évidemment et surtout des articles de bonne facture. Ce site s’adresse clairement aux CSP+, comme on dit. C’est-à-dire aux classes socioprofessionnelles supérieures (les chefs d’entreprise, les professions libérales, les professions à plus fort revenu du secteur privé (cadres, ingénieurs, chercheurs, etc. ) ainsi que l’ensemble des fonctionnaires de catégorie A.)

Et ça n’est pas écrit, mais en installant l’esprit « bio », l’internaute associe le discours « circuit court », « made in France », « artisans locaux », « bien être », « tendance »,  etc, etc …

Alors, lisons ensemble le petit texte qui présente le concept du site :

Vous êtes dans l’ambiance ? On peut continuer ?

Alors regardons ce produit : un presse-ail à bascule

Qu’en pensez-vous ? Pas mal, n’est-ce pas ? Si vous aimez cuisiner, c’est un bel outil qui va vous faciliter le travail quand votre recette indique « émincez une gousse d’ail ». Et si j’écris cela, c’est parce que j’en ai acheté un … mais pas sur ce site, vous allez comprendre.

Maintenant, regardons le tarif : 15,99 € barré. Là encore, toute la mise en page est savamment pensée pour conforter l’état d’esprit « high level » du site. Accessoirement, on appelle cela « agir sur le biais d’ancrage des prix ». Souvenez-vous, j’en ai parlé dans mon article sur le cuisiniste. En fait, le prix de vente n’a jamais été de 15,99 €. C’est juste pour faire croire à l’internaute que cet article coûte très cher, mais qu’au moment de la visite, vous pouvez l’acquérir pour 9,90 €, soit quasiment moitié prix.

Ici, le site joue sur un autre biais cognitif : vous faire croire que ce tarif très bas n’est valable que maintenant et qu’il faut vous décider tout de suite. En clair, il s’agit de pousser l’internaute à l’achat impulsif. Car l’achat impulsif s’appuie sur l’émotion et non sur la réflexion. C’est une technique de vente assez classique que l’on apprend en 1ʳᵉ année de CAP vendeur. Quand l’internaute réagit à l’émotion, le vendeur peut lui faire passer ses vessies pour des lanternes, voire … de l’eau du robinet pour de la Contrex !

Bref, si l’internaute ne succombe pas à ce piège cognitif, il réfléchit et va faire quelques recherches. Et en réfléchissant, il va découvrir ça :

Oui, oui, vous avez bien lu : c’est exactement le même presse-ail. Mais cette fois, le tarif est de 0,49 € soit … 20,4 fois moins cher ! Où, dans l’autre sens, le super site bio français machin tout ça, a appliqué une marge de 2020,4 % ! Oui, oui, relisez une 2ieme fois si vous n’en croyez pas vos yeux. C’est une marge à quatre chiffres. Quand je vous disais que même le deal de « cigarette qui fait rire » ne fait pas une telle marge.

Et tout cela dans la plus grande légalité puisque vendre un presse-ail est 100% conforme au code de la consommation et que le commerçant peut appliquer la marge qu’il souhaite. Après-tout, c’est juste une question d’offre et demande : s’il existe assez de gogos pour acheter un produit à 20 fois son prix …

Alors maintenant, comment j’ai acheté mon super presse-ail à 0,49 € ? Je suis tout simplement allé à la source, là où le super site Franc Bio a acheté un stock de presse-ail, qu’il revend ensuite 20 fois son prix. Je suis allé sur … sur une plateforme d’e-commerce chinois ! En l’occurrence Alliexpress.com

Evidemment, vous vous remémorez le concept du site Franc Bio : « réduire votre impact écologique et prendre soin de notre planète » … en commandant des produits chinois ! « Soutenir les entreprises et les créateurs français ? » … en commandant des produits chinois ! Allez lire la totalité de la page concept, ça vaut son pesant de cacahuète (concept)

Et notez que les Chinois utilisent les mêmes astuces cognitives : un prix de 5,04 € barré  😁

Mettons de côté le comportement peu écoresponsable, car j’en conviens tout à fait : ce produit a voyagé sur la moitié de la terre, il a été fabriqué dans des conditions certainement peu respectueuses d’un code du travail, c’est du dumping social, il ne contribue pas à la relocalisation de l’industrie en France, etc, etc …

Mais si j’achète ce presse-ail sur le site soi-disant super bio français tout ça, c’est le même presse-ail qui vient de Chine, dans les mêmes conditions que ci-dessus et en plus, qui passe par un intermédiaire qui se sucre très fort au passage sur le dos de mon porte-monnaie.

Donc, en guise de prolongement, imaginez que vous commandiez 500 presse-ail à 0,49 €, cela vous coutera 245 €. Vous les revendez ensuite 9,99 € et quand vous aurez écoulé votre stock, vous aurez encaissé … 4995 €

Et sur les 500 presse-ail, il suffit d’en revendre 25 pour rembourser la mise. A partir du 26ᵉ, vous faites du bénéfice …

Sur le site, on voit 203 avis client. Quand on sait que le taux de consommateurs qui font l’effort de publier un avis est de l’ordre de 20% (source) pour la catégorie « bien de consommation », on peut raisonnablement penser que le nombre d’acheteurs, pardon … de pigeons, est de 1015, soit 10 139 € de bénéfice pour le détenteur du site Franc Bio

Faites cela avec plusieurs produits, comme le site Franc bio, et c’est plus lucratif que n’importe quel job, même ingénieur informatique …

Mieux, regardez cet autre site :
https://www.cuisinedaction.com/products/presse-ail-cuisine

Alors lui, il fait pas dans la dentelle, le même presse-ail à 0,49 €, il te le vend à 24,99 € ! Oui, oui, vous avez bien lu … c’est une marge de 5100 %. Du coup, avec un stock de 500 presse-ail à 250 €, il fait un chiffre d’affaires de … 12 495 €. Et le bénéfice commence au 11e … quand je vous disais que les jeunes de banlieue qui dealent de la beuh sont justes des débiles mentaux qui n’ont pas compris l’évolution de la société 😁😉

#BeurrerLesLunettes
#BeurrerLesLunettes

Mon expérience d’étudiant en psychologie

#ArticleSerieux

Aujourd’hui, je suis allé à la FNAC pour acheter ce bouquin

Titre du livre : La psychanalyse est-elle une secte ?
La psychanalyse est-elle une secte ?

Il faut que je vous raconte cette histoire. Tout commence en septembre 1993. Je suis étudiant en 1ʳᵉ année de psychologie. A cette époque, et c’est encore le cas aujourd’hui, en 1ʳᵉ année de psycho, on suit des enseignements de toutes les disciplines : psychopathologie clinique, psychologie du développement, psychologie sociale, psychologie cognitive, psychologie différentielle et … psychanalyse.

Jusqu’ici, tout va bien. J’avais découvert les concepts de la psychanalyse de Freud en cours de philosophie en terminale : inconscient, subconscient, refoulé, moi, surmoi, etc … Et j’avoue, j’avais découvert tout ça avec une certaine curiosité. Au point que j’avais acheté quelques ouvrages comme « L’interprétation des rêves » et « Totem et tabou ».

J’en étais aux balbutiements de mes connaissances en psychologie et j’avais, de la psychologie, la représentation basique, standard du Français moyen. Mais je dois ajouter aujourd’hui, la représentation totalement erronée et à côté de la plaque de ce qu’est réellement la psychologie. Pour la faire courte, quand vous pensez que la psychologie, c’est un vieux monsieur barbu qui écoute une personne allongée sur un divan et qui raconte sa vie, vous avez tout faux. Ajoutez à cela, que le vieux monsieur barbu interprète et donne à la personne la signification réelle de ce qu’elle raconte et vous cochez toutes les cases de la représentation de comptoir de la psychologie.

Les deux points que je viens de citer :

  • raconter sa vie allongée sur un divan
  • interpréter, donner un sens, souvent ésotérique, de ce que la personne raconte

ne correspondent pas à la psychologie. Ce sont deux points d’une méthode particulière : la psychanalyse.

Bref, me voici donc à suivre mon premier cours de psychanalyse. L’amphi est bondé, environ 950 étudiants. Le prof entre, avance vers la table sur l’estrade. Il pose son sac sur la table, l’ouvre et en sort un livre. Sans même nous dire bonjour, il s’assied et tend bien haut son livre. Il nous explique que c’est son bouquin et qu’il est fortement recommandé de le lire si on veut avoir une chance de réussir son examen. Il y a 1 exemplaire à la B.U. … on est 950 ! Mais il est aussi en vente à la FNAC. Ensuite le prof se lève et écrit toutes les références du livre au tableau.

Un prof qui commence son cours en nous conseillant d’acheter son bouquin, j’aurais dû me douter qu’il y avait anguille sous roche …

Ajoutez à cela, qu’avec le recul, je me rends compte que son cours était assez sommaire, et vous avez tous les ingrédients de l’imposteur. Il se contentait de reprendre les cas de Freud et il illustrait avec ses propres patients.

L’homme aux rats, l’homme aux loups, le cas Dora, le petit Hans, etc … et il saupoudrait un peu de sa propre pratique dans tout ça. Petite précision, on sait aujourd’hui que tous ces cas ne sont que pure invention issue de la créativité du cerveau du vieux monsieur barbu. Des cas fabriqués de toutes pièces pour illustrer à la perfection, les concepts du même vieux barbu : hystérie, névrose, phobie, etc ….

Hé oui, parce que le prof a aussi un cabinet en ville et il pratique en libéral. Il ne manquera pas d’ailleurs, de nous expliquer que pour devenir nous-même psychanalyste, il nous faudra faire une analyse. A 250 francs (à l’époque) la séance proposée à 950 étudiants, clients potentiels, c’est le jack pot !

Bref, tout cela aurait dû me mettre la puce à l’oreille. Mais bon, je suis un étudiant sérieux, donc j’achète son bouquin et … non, je ne commence pas une analyse, je lis son ouvrage. Je peux le dire aujourd’hui en toute franchise, je ne comprenais rien à ce que je lisais. C’était du charabia, de la bouillie de mots volontairement complexifiée à outrance, pour asseoir une forme de suprématie : tu ne comprends pas ce que je dis ? c’est normal, tu n’es pas psychanalyste, toi !

Je vous lis un passage du livre :

« Si le psychanalyste devient conscient qu’il s’agit de projections, il pourra rendre l’angoisse tolérable et la retourner transformée à travers ses interprétations. En analysant de manière détaillée le jeu complexe des affects transférentiels, le psychanalyste favorisera chez le patient la transition entre un fonctionnement primitif et un fonctionnement mieux intégré, ainsi qu’un meilleur accès au sens symbolique inconscient, c’est-à-dire à la représentation symbolique. Par contre, si le psychanalyste reste silencieux ou s’il retourne les projections sans les avoir transformées, le patient risque d’éprouver une angoisse désorganisatrice. »

En fait, j’aurais dû comprendre, à l’époque, que le principe d’interprétation est l’erreur fondamentale de toute pratique psychologique. La psychologie, c’est de la compréhension appuyée sur des preuves scientifiques, ce n’est pas de l’interprétation.

Par exemple, lorsque notre prof de psychanalyse disait : « un homme qui porte une cravate exprime symboliquement son désir de puissance, car la cravate est le substitut du phallus ! la cravate est la représentation symbolique d’un pénis en érection, donc de la puissance du mâle ! » hé bien ça, c’est une interprétation. Qu’est-ce qui prouve que l’intention de celui qui porte une cravate est d’exprimer sa puissance ? rien … mais les psychanalystes ont la parade : parce que c’est inconscient !

Mais moi, étudiant de 1ʳᵉ année de psychologie, j’étais naïf. J’étais à l’écoute du professeur qui détenait le savoir. D’autant plus que c’était lui, qui allait corriger ma copie d’examen et me donner une note. Une note qui déciderait de mon avenir. Car sans réussite, je terminerais à l’ANPE … oui, à mon époque, le service public de l’emploi s’appelait Agence Nationale Pour l’Emploi.

Si je résume, nous avons donc 3 caractéristiques de cette psychanalyse :

  1. un verbiage volontairement complexifié pour se donner une apparence de science
  2. une interprétation que seuls les psychanalystes maîtrisent
  3. une auto-justification de la véracité de leur interprétation

La psychanalyse fait donc tout l’inverse de ce que préconise Nicolas Boileau-Despréaux : « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement ! » devient donc « La psychanalyse n’est qu’un tissu d’ânerie, il faut l’énoncer de manière incompréhensible ! »

En fait, à bien y regarder, l’interprétation psychanalytique ressemble, à s’ y méprendre, à la divination du voyant. Les personnes consultent un voyant, car il est le seul à détenir ce pouvoir de lire dans l’avenir. De la même manière, les personnes consultent un psychanalyste parce qu’il est le seul à détenir ce pouvoir de lire dans les pensées et de vous donner l’interprétation. Mais tout comme le voyant se plante dans environ 100% de ses prédictions, le psychanalyste raconte 100% de bullshit. (Bullshit veut dire « merde de taureau » en anglais)

Si vous êtes amateur des séries documentaires de type « Crimes », « Faites entrer l’accusé », « Jusqu’au bout de l’enquête », « Les enquêtes impossibles » etc … vous constaterez que souvent, une expertise psychologique de l’accusé est demandée. Et comme elle est souvent à charge, la défense demande une contre-expertise. Et cette contre-expertise vient dire tout le contraire de la première. Cela va sans dire, mais cela va mieux en le disant, dans 99,99% des expertises, celles-ci sont réalisées par un psychanalyste ou un psychiatre, ou un psychologue qui utilise la méthode psychanalytique. Quand 2 psychanalystes donnent 2 évaluations contraires d’une même personne, que peut-on conclure … rien !

Donc, au final, la psychologie, c’est quoi ?

La psychologie est une science. Et pour prouver, de manière certaine, scientifiquement, l’existence d’un phénomène, il faut faire la démonstration que ce phénomène est présent dans une partie statistiquement significative de la population. Par exemple, Daniel Gilbert, professeur de psychologie à Harvard et Adam Mastroianni, doctorant à l’Université de Columbia, s’intéressent à ce sentiment que beaucoup d’individus expriment « c’était mieux avant ! ». Ils conduisent une étude sur plus de 220.000 Américains entre 1949 et 2019. Ils montrent alors que 84% considéraient que les valeurs morales étaient en déclin. Ce chiffre est en soi une preuve de l’existence du phénomène. Il n’y a pas d’interprétation, juste peut-on dire que plus de 8 personnes sur dix pensent que « c’était mieux avant ! » POINT ! Il n’y a pas d’interprétation mystérieuse du type : « l’individu présente des épisodes symptomatico-pulsionnels, caractérisés par un passage à l’acte incontrôlable, et alimenté par une énergie psychique issue d’un refoulement de la libido,  dont le ressort principalement hédonique est à rechercher dans un psychisme scindé dont le principale se nourrit d’une pensée dissonante de type :  c’était mieux avant ! » NON !

Ensuite, cette étude du Pr D. Gilbert permet de rapprocher ces chiffres de la réalité des valeurs morales. Et on découvre que sur plus de quatre millions de personnes interrogées entre 1965 et 2020, « la moralité que les participants rapportaient chez leurs contemporains était stable dans le temps ». Ce qui permet de dire que le sentiment de « c’était mieux avant ! » est une illusion, appelée aussi biais cognitif.

Il n’y a aucun besoin d’interprétation dans tout cela. Il faut juste, maintenant, trouver le moyen d’amener les personnes à corriger leurs fausses croyances.

Pour l’étude c’est ici :

  • l’article original en anglais : lien
  • un article de vulgarisation en français : lien

Donc, pour la cravate de mon prof de 1ere année, qui serait un symbole phallique, il faudrait interroger un grand nombre d’hommes. Et montrer que la grande majorité d’entre eux reconnaissent que le matin, quand ils s’habillent, ils mettent une cravate, car ils souhaitent montrer à leur entourage leur volonté d’écraser tout le monde, leur souhait de rabaisser plus bas que terre tous leurs interlocuteurs. Mais personne n’a jamais fait cette démonstration. En même temps ça paraît difficile à faire car je doute qu’un homme vous tienne un tel discours. Moi-même, quand je mets une cravate, c’est juste pour respecter les codes vestimentaires professionnels. Je suis bien trop bienveillant pour penser une chose pareille…

Conclusion

Bref, vous l’avez compris, on enseigne, aujourd’hui encore à l’université, une méthode psychanalytique qui relève plus de la charlatanerie que du sérieux scientifique. Et c’est justement le propos de ce livre, que je vous conseille si le sujet vous intéresse.

Si cette psychanalyse ne concernait que des bobos prêts à payer des sommes folles pour pouvoir raconter leur vie allongés sur un divan, on pourrait se contenter d’en rire. Mais comme je l’explique dans cet article, la méthode psychanalytique est présente dans quasiment toutes les expertises psychologiques pour les crimes d’assises. Des personnes peuvent être envoyées en prison sur la base d’une analyse de la personnalité construite sur l’interprétation farfelue résumée dans un charabia qui utilise la terminologie « Psy » dans ce qu’elle à de plus controversée

En bonus :

Dans ce sketch, Chevalier et Laspales font une interprétation des rêves en se moquant allégrement des psychanalystes. Mais ils ne croyaient pas si bien dire, leur sketch est construit sur la même rhétorique bidon d’une interprétation sans fondement que font les amis de Freud dans leur cabinet :