Quand tu remplaces ta cuisine

Quand tu remplaces ta cuisine

#ArticleSerieux

Cet article est à lire après celui sur ma visite chez le cuisiniste : épisode précédent

Le jour J, programmé avec le cuisiniste Schmidt, est arrivé. Nous sommes le 20 septembre 2023. Je pensais que l’artisan intervenait seul, mais il me présente son ouvrier dont je comprends qu’il est en formation.

Ils apportent leurs outils dans mon appartement et ils commencent à travailler. A grand coup de deviseuse électrique, les placards tombent les uns après les autres. Mon frigo est évacué manu-militari. Il en va de même du lave-vaisselle, du four, de la plaque vitrocéramique et de l’évier.

A midi, tout est par terre. Ils, au pluriel, partent manger et l’après-midi il, au singulier, revient travailler. Oui, car l’artisan laisse son jeune ouvrier seul pour débuter les travaux de rénovation et préparation des cloisons. A grand coup de décolleuse il enlève le vieux papier qui a vraiment très mal vieilli. Enfin, je devrais plutôt dire « il galère sa mère en tongues dans la lagouna ». Pour tout dire, le papier peint a été collé directement sur le placo, sans prendre le soin de mettre une couche de peinture. L’artisan m’a expliqué que les ouvriers faisaient comme cela au début des années 2000. Cela revient à coller du papier sur du carton : la matière des deux produits étant très proche, ils ont tendance à fusionner.

Regardez bien la photo et notez la désorganisation structurelle et l’encombrement chaotique de l’espace. J’utilise ces termes techniques pour éviter de dire « bordel » ou encore qu’ils m’ont « foutu le brun ! ».

Ce point est important, car à partir de maintenant, je vais devoir vivre dans un capharnaüm permanent.

L’ancienne cuisine qui devait partir le jour même à la déchèterie, va finalement rester jusqu’au lendemain. L’artisan m’explique, en effet, que quelqu’un est intéressé pour la récupérer. Cela ne me gêne pas. Après tout, mon seul objectif, est qu’elle soit évacuée de mon appartement. Sa destination m’importe peu. Au final, elle partira bien le lendemain, mais en toute fin d’après-midi.

Le jeudi 21 septembre 2023 est consacré à la fin de l’opération décolleuse, mais également à la protection du sol, au démontage des prises, à un gratouillage des cloisons, un léger lessivage du plafond et … à l’évacuation de l’ancienne cuisine.

Vendredi 22 septembre 2023, c’est la journée consacrée à l’embellissement des cloisons avant l’enfer ! Ils sont présents tous les deux et après avoir tiré les prises manquantes, ils enduisent les murs.

Le vendredi soir, je m’apprête à passer mon premier week-end sans cuisine. En fait, on ne se doute pas de ce que veut dire « un appartement sans cuisine ». C’est tellement rocambolesque que ça mérite un article ad hoc pour ce seul sujet.

En regardant la photo ci-dessus, on ne se doute pas que l’enfer est proche. En effet, les murs semblent maintenant bien sympathiques et bien plus jolis que la veille.

Nous voici donc rendus au lundi matin 25 septembre 2023. Et la … c’est le drame ! Pendant des heures et des heures et des heures, ils vont … poncer ! Mon appartement est plus blanc que la cime du Mont-Blanc ! Les tontons flingueurs diraient qu’il y a plus de schnouf dans mon appartement que dans les narines de Pierre Palmade. C’est juste horrible, mais il y a pire : le soir, pour essayer de nettoyer, le jeune ouvrier va passer une serpillère trempée sur … mon parquet ! Outre le fait qu’il transforme mon appartement en pédiluve, il oublie que le pire ennemi du parquet, c’est justement l’H2O en solution aqueuse.

Après leur départ, je me suis donc précipité sur un chiffon sec et j’ai tenté d’éponger cette forfaiture.

La journée du mardi 26 septembre 2023 va être très similaire à la précédente : enduit, ponçage, poussière partout, serpillère trempée et ma nouvelle tentative d’éponger.

Arrive alors le mercredi 27 septembre 2023 et j’utilise à dessein le verbe « arriver ». En effet, c’est le jour de la livraison de la nouvelle cuisine Schmidt. Et pour couronner le tout, je ne peux être présent chez moi, car j’interviens à l’université. Mais tout est calé avec l’artisan, il sera présent chez moi, réceptionnera les colis et assurera le contrôle du bon état.

Évidemment, tout ne se passe pas comme prévu, ce serait trop facile. Vers 11h30, mon téléphone sonne. Je me doute que c’est le livreur, alors même que je lui avais transmis le N° de l’artisan. Bref, en pleine intervention, devant mes étudiants, je me sens obligé de décrocher. C’est bien le livreur. Je lui explique qu’il doit appeler l’artisan qui l’attend chez moi. Deux, trois phrases maxi, c’est bon, il a compris et il raccroche.

En fin d’après-midi, je suis sur le quai du RER A à Nanterre, le téléphone sonne. Cette fois, c’est le directeur de Schmidt Saint-Maur des fossés. Il se confond en excuse et m’explique que le plan de travail ne répond pas aux exigences du contrôle qualité. Il n’a donc pas été livré et une nouvelle commande a été émise. Bref, il m’explique que l’artisan posera un plan de travail provisoire en attendant.

J’arrive chez moi, il y en a partout

Le séjour, qui se tenait encore un peu, est maintenant transformé en annexe d’entrepôt Amazon. Les meubles poussés tout à gauche et la nouvelle cuisine dans l’espace disponible. Et là, la première réflexion que vous vous faites c’est … comment un couple avec deux enfants pourrait-il vivre dans cet espace ? Si vous voulez mon avis, dans votre projet de changement de cuisine, il faut intégrer une semaine, voire plus, de séjour à l’hôtel pour toute la famille.

Une chose est sûre, l’artisan n’a pas commencé la pose ce 27 septembre. Mais a-t-il continué les travaux sur les cloisons ? Comme je n’étais pas présent, je ne sais pas. On va donc résumer à une semaine, le temps nécessaire pour démonter, évacuer l’ancienne cuisine puis préparer les cloisons pour la nouvelle.

Le jeudi 28 septembre 2023, c’est le début de la pose. Schmidt m’avait annoncé un forfait de deux jours. Vu le tarif pratiqué, je m’étais dit que son TJM (Taux Journalier Moyen) est plutôt pas mal. Mais vous verrez qu’au final, on est loin des deux jours.

Bref, le jeudi soir, le montage en est là

On commence à imaginer ce que sera le produit final, mais je suis toujours en mode « camping »

Le vendredi 29 septembre 2023 au soir, j’ai un plan de travail provisoire juste posé et sans évier, ni plan de cuisson. Mais j’ai un four micro-onde fonctionnel. C’est donc un second week-end en mode « on s’débrouille comme on peut » qui se profile à l’horizon. Mais c’est aussi un week-end en mode capharnaüm intégral car le séjour est encore bien encombré, certes par les composants de la cuisine, mais pas que. Quand j’ai constaté cela, je me suis dit qu’il manque une soft skill à cet artisan : la capacité à se mettre à la place du client et se dire qu’il pourrait juste pousser les colis restants de la cuisine contre le mur pour pouvoir remettre en place la table et les chaises. Et accessoirement, en faisant cela, il me permettrait de vivre à-peu-près normalement dans le séjour et surtout … je pourrais plus facilement accéder à ma machine à café que j’ai temporairement placée à côté de la bibliothèque …

Mais également par un artisan qui prend mon séjour pour son atelier

Là aussi, s’il avait les bonnes soft skills, il n’aurait pas laissé chez le client tous les outils dont il n’a manifestement plus besoin depuis longtemps. Genre … la décolleuse, les pots de peinture, d’enduit et tout le toutim

Bref, le lundi 2 octobre au soir, j’ai une cuisine provisoire. Elle est fonctionnelle, car j’ai un évier, un mitigeur, la plaque de cuisson et le four, mais cela reste provisoire parce que le plan de travail est un assemblage de bric et de broc de planches de piètre qualité et surtout pas assez épaisses qui fait que la plaque de cuisson descend dans le premier tiroir et l’empêche de s’ouvrir.

Comme je suis du genre prévoyant, j’appelle rapidement Schmidt pour qu’il me confirme la date de livraison des pièces manquantes. Mais davantage pour que l’on cale l’intervention de l’artisan dans son planning. Pour la livraison, ce sera le 28 octobre et l’artisan le 31 octobre.

Donc certes, la cuisine est fonctionnelle, mais quand vous savez que l’artisan doit revenir pour remplacer le plan de travail, il est assez difficile d’investir pleinement la pièce. Ce sont donc 3 semaines que je vais vivre en mode « camping amélioré »

Comme convenu, le samedi 28 octobre 2023 à 8h50 pétantes, les deux livreurs de Schmidt sonnent à la porte de ma résidence. Le premier, celui qui s’adresse à moi, porte 3 petits colis. Et le second, porte sur son épaule … l’immense plan de travail. 2,62 m par 68 cm par 4 cm d’épaisseur et une masse volumique de 750 kg au m3, ça vous fait un poids d’environ 54 kg ! Je ne sais pas vous, mais moi, 54 kg sur l’épaule, je ne sais pas faire. Essayez de vous représenter : un parallélépipède rectangle de plus de deux mètres de long et 68 cm de large … à monter dans une cage d’escalier en U puis un palier où il faut tourner deux fois à angle droit. Hé bien, à ma grande surprise, ou plutôt grande stupeur, le gaillard l’a fait sans jamais toucher aucun mur, ni plafond, ni rampe, ni porte, rien, pas une touche ! Pour l’anecdote, le plan de travail, placé dans mon couloir, gène un peu l’ouverture de la porte d’entrée. Je n’ai pas réussi à le soulever …

Jusqu’ici, tout marche bien navette. Mais lundi soir, l’artisan m’appelle : il n’a pas terminé son chantier actuel, donc il viendra bien mardi 31 octobre, mais en début d’après-midi. Mardi 31 octobre vers 15h, je reçois un sms : son chantier n’est pas terminé, donc il viendra demain mercredi à 9h30. Je lui fais remarquer que ce sera le 1 novembre, la Toussaint, un jour férié : « pas de soucis, je dois terminer votre cuisine » .

Le lendemain, 9h00 il se présente chez moi, seul et sans outils. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai un mauvais présentiment. Il tourne dans l’appartement, regarde les colis livrés par Schmidt. Il revient dans la cuisine et m’explique que son ouvrier vient de lui envoyer un sms : il est malade, il a la gastro. Et tout seul, ce n’est pas possible de poursuivre le chantier. Bon ici, je me dis qu’avec le nombre d’affirmations cousues de fil blanc qu’il m’a servies depuis le début, j’ai suffisemment de matière pour rédiger un article entier.

Il m’explique donc, qu’il faut décaler. Mais, pour moi, je comprends que l’on va décaler au jeudi ou vendredi. Non, pas du tout, ce sera le mercredi d’après, donc le 8 novembre 2023. Allez, courage, on prolonge le mode « camping amélioré » d’une semaine supplémentaire.

Le mercredi suivant, le 8 novembre 2023, ils arrivent à … 10h30 ! Alors, forcément, le soir ils n’ont pas terminé. Bref, l’artisan m’explique qu’il revient le lendemain pour finir. On s’organise car le lendemain, jeudi 9, je pars très tôt pour mon intervention à l’université de Lorraine. Je serai donc à 350 kms de chez moi quand ils viendront.

Jeudi 9 novembre 2023, je suis à l’université. Je reçois ce sms de l’artisan :

Deux informations sont importantes dans ce message : l’heure d’envoi et le fait que ce n’est pas vraiment terminé puisqu’il doit revenir pour des retouches. Envoyé à 16h37, cela veut dire qu’ils ont passé la journée à travailler et ce n’est toujours pas terminé. Au départ, Schmidt m’avait expliqué que la pose d’une cuisine c’est un forfait deux jours … j’en suis à 5 et étalés sur 1 mois et demi, bientôt 2 !

Bon, restons positif et optimiste, je suis très satisfait de ma cuisine parce qu’elle est vraiment chouette et super fonctionnelle :

Nous sommes le samedi 25 novembre 2023. Voilà donc 2 semaines que je n’ai plus de nouvelles de l’artisan… voilà, voilà, voilà … le forfait 2 jours de pose annoncé par Schmidt à la validation du bon de commande, se métamorphose en 2 mois. Et encore, ce n’est pas terminé

J’en arrive à penser qu’artisant rime avec dilettant 🙄😕😟😣😢

Aux dernières nouvelles, l’artisan doit venir le 12/12/2023 pour les fameuses finitions

Entre le 20/09/2023 et le 12/12/2023, il se sera écoulé 83 jours soit 2 mois et 22 jours… pour 2 jours de pose annoncés à l’achat …

Bon bah, je suis vraiment trop optimiste ! L’artisan est bien venu le 12/12/2023, mais il a mis de l’enduit. Donc … il faut attendre que ça sèche. Alors il m’explique qu’il revient le … 22/12/2023 pour finir les finitons.

Seulement voilà, au moment où j’écris cette ligne, nous sommes le 22/12/2023, il est 17h03 et … aucune nouvelle de l’artisan. Il ne m’a même pas prévenu qu’il ne viendrait pas …

Ouf ! le jeudi 11 janvier 2024 à 12h l’artisan est chez moi pour finir les finitions pas finies … quand il est venu le 12/12/2023, il m’avait annoncé une demie journée de travail avec de nouveau du mastic à appliquer après poncé la première couche. Qu’il viendrait avec un décapeur thermique pour chauffer et accélérer le séchage du nouveau mastic, etc …

En fait il est venu à 12h avec une cale à poncer et un pot de peinture. A 12h30 c’était terminé ! Entre nous, ça sent la barbouille vite fait …

Nouveau calcul : 113 jours soit 3 mois et 22 jours et ma cuisine est enfin terminée … ouf !

Quand tu vas chez le cuisiniste

#ArticleSerieux

Pour entamer ce nouvel article, je plante le décor. La cuisine équipée était déjà installée quand j’ai acheté mon appartement. A l’époque, elle avait environ quatre ans et elle présentait bien. Le commercial de l’agence LaForêt m’explique que c’est une cuisine Ströemelbrück qui vient du grand magasin bleu et jaune.

Un rapide passage par un moteur de recherche m’apprend que les cuisines équipées de ce magasin, bleu et jaune, sont imbattables quant à leur tarif. Donc quand tu choisis cette marque, tu en as pour ton argent, c’est-à-dire… pas beaucoup. Et effectivement, les années ont métamorphosé ma cuisine équipée en ruine. Je peux faire de l’urbex chez moi !

Et pour couronner le tout, je comprends rapidement que l’ancien propriétaire n’a pas fait appel à un poseur, mais a fait le travail lui-même, autrement dit comme un gougnafier. Bref, entre la peinture qui craquelle, le plan de travail usé et les joints mal faits, les câbles électriques qui pendouillent, ma cuisine n’a plus qu’un seul avenir : la décharge municipale.

Je débute donc mes recherches sur le net pour trouver un cuisiniste. Première découverte, il existe trois gammes de cuisiniste : les pas chers (Ikea, Leroy Merlin, But, etc …), ceux qui coûtent un bras (Darty, Ixina, Lapeyre, etc … ) et ceux qui coûtent les deux bras, les reins, le codevi, le PEL et le petit bonhomme vert à 45% d’intérêts si vous prenez une option (Schmidt, Arthur Bonnet, etc …)

Il se trouve qu’il y a un Ixina dans mon patelin. J’appelle. Oui, parce que j’ai un problème existentiel : je ne me vois pas démonter mon ancienne cuisine et porter sur mon dos les meubles jusqu’à la décharge. Il faut donc que le cuisiniste me propose un service de dépose et d’évacuation de l’ancienne cuisine.

Le monsieur Ixina, m’explique que c’est possible, mais il ne chiffrera pas cette partie. Il me communiquera des coordonnées d’entreprises avec lesquelles il a l’habitude de travailler, mais comme ce n’est pas sa partie, il ne mettra pas ce service dans son devis. Et le monsieur Ixina, il est très insistant sur ce point.

C’est bon, monsieur, j’ai compris !

Il est aussi très commercial, il a réussi à me fixer un rendez-vous pour le surlendemain.

Comme je suis joueur, j’appelle Schmidt. La réponse est beaucoup plus claire : tout à fait monsieur, la dépose et l’évacuation sont compris dans la prestation. Parfait, je prends rendez-vous pour le lendemain.

Je ne raconte pas mon rendez-vous chez Schmidt, car ça s’est super bien passé. Un concepteur au top, qui n’essaie pas de me refourguer des trucs dont je n’ai pas besoin, à l’écoute, qui me regarde et dessine au crayon de bois sur sa feuille.

Mais je vais vous raconter le monsieur Ixina, parce que celui-là, il vaut son pesant de cacahuètes !

Je suis arrivé un peu en avance. Il me propose de m’asseoir à son bureau, il termine un dossier et s’occupe de moi. Je regarde autour de son bureau. Il y a des meubles derrière lui et sur le côté. En face de moi, un écran géant qui projette une photo de cuisine. Mais le plus intéressant, c’est tout autour de l’écran et sur le meuble à côté : des diplômes de meilleur vendeur décernés par Ixina. Il y en a des dizaines, que dis-je des centaines. Il y en a tellement que je ne peux les compter. Moi qui ai mis des années pour en obtenir un seul, mon doctorat, j’ai vraiment le sentiment que ce sont des diplômes en carton pâte, édités automatiquement à la fin de chaque mois pour célébrer … sa présence derrière son bureau.

C’est parti, il crée mon dossier, me demande mes coordonnées. Il tapote sur son clavier tout en monologuant : « Ha zut, non, c’est pas ça ! Et oui, Ctrl Z ça marchera mieux, Vi-lli-ers-sur-Mar-neuuu, je ferme la fenêtre. Ha zut, non pas comme ça …« . Pendant le rendez-vous, deux heures et demie tout de même, il aura parlé à son écran 98% du temps. Je me sens un peu seul…

Il enchaîne d’emblée avec l’histoire des coordonnées des entreprises pour faire les travaux de préparation. Et là, je sens qu’il se passe quelque chose, car il exagère un tantinet les choses. Il m’explique que l’intervention d’une entreprise, c’est grosso-modo 4 à 5000 euros. Comme j’ai rencontré Schmidt la veille, j’ai un repère pour ce prix et là, c’est carrément InflationMan : souffle dans mon gros tuyau, tu vas faire gonfler le ballon.  « Vous comprenez, c’est la main d’oeuvre, la TVA, tout ça …« . Et il continue : « mais bon, vous savez, je peux aussi vous proposer une solution plus simple » et là, je l’entends tournicoter, prendre des pincettes, tourner autour du pot « oui, c’est-à-dire, vous voyez, si on ne s’embête pas avec la paperasse, c’est automatiquement moins cher, parce que bon, vous savez …« .

Taboo, vous connaissez ce jeu de société où le but est de faire deviner à son équipe, le mot indiqué en haut de la carte, sans utiliser les 5 mots Taboo indiqués en dessous ?

On était exactement dans cette situation. Et les 5 mots Taboo inscrits sur sa carte sont : « travail au black », « travail au noir », « travail dissimulé », « travail clandestin » et « fuck l’Urssaf ! »

Il m’explique que c’est son ami, son meilleur ami en qui il a toute confiance. C’est quelqu’un de très professionnel, très rigoureux, tous les clients qui ont fait appel à lui sont toujours très satisfaits. Bref, il est dithyrambique et ne tarit pas d’éloge sur son potto Paulo, qui ne travaille que le week-end ou en fin de journée … comprenne qui peut

J’avoue, j’ai pris un malin plaisir à ne pas l’aider, à le laisser tourner autour du pot et à faire celui qui ne pigeait pas la combine. Et il a ramé le monsieur Ixina. Tellement ramé qu’il attaquait la falaise !

En parfait comédien que je suis, je montrais un visage impassible, à l’écoute de son discours, concentré comme jamais sur ses paroles. Mais intérieurement, j’étais devant le sketch « Star Wars vu par le Palmashow » : PTDR puissance dix !

En effet, sans trop en dire, il se trouve que je travaille dans la fonction publique. Et dans ma fiche de poste, il y a l’activité d’inspection. Alors, je ne suis pas inspecteur du travail, tant s’en faut, mais je connais parfaitement les rouages de la fraude au travail dissimulé et ce qu’il faut faire dans cette situation. Vous imaginez le côté cocasse de la séquence.

Pour la prise de rendez-vous, il avait mon nom et mon prénom. Il suffisait de google-iser tout ça et il serait tombé sur mon profil LinkedIn. Il aurait très vite compris, qu’il n’avait pas intérêt à me proposer ce type de prestation. Cela veut dire, qu’il propose les services de Paulo à tous ses clients, sans même savoir à qui il s’adresse …

Il est bien resté 10 minutes sur ce sujet, et il a terminé en me donnant le prix des travaux si je passe par son pote « Mon amis vous fera ça pour 2500 €« . Ce montant est important, mémorisez-le, vous verez à la fin.

Bref, après la séquence Mr Bean, on passe aux choses sérieuses. Il me demande mon budget. Je n’avais pas du tout envie de lui dévoiler ce que j’étais prêt à mettre, mais je n’ai pas eu le choix. J’avais la référence Schmidt de la veille, en tête et je savais qu’Ixina était beaucoup moins cher. Je ne lui ai donc pas donné mon budget, mais une cible, à la louche, de ce que pourrait être son devis par rapport à celui de Schmidt. D’accord, les dés sont un peu pipés dès le départ, mais comme il veut absolument un budget, difficile de faire autrement. Je lui donne une formule un peu floue : « autour de 10« , comprenez autour de dix mille euros.

Il va s’ensuivre 2 heures de monologue avec son écran. Il dessine les meubles. Me demande si je souhaite de l’électroménager. Et là, je sens qu’il veut absolument me fourguer la totale : four, plaque de cuisson, lave-vaisselle, four micro-onde encastrable. Et vous comprendrez, à la fin, pourquoi il y tient si fortement. Me voilà donc avec un four micro-onde encastrable parce que le mien est tout vieux et posé sur le plan de travail. J’ai également pris une plaque de cuisson induction, car c’est beaucoup moins énergivore que ma vitrocéramique actuelle.

On arrive à la fin, il projette ma cuisine sur son grand écran derrière lui. Wahou ! je reconnais que c’est du beau travail. Il fait tourner la cuisine dans l’espace pour que je regarde tous les points de vue. C’est juste magnifique. Et il continue son discours commercial : j’ai vraiment une super cuisine, il a mis « full option ». Éléments vitrés, façades avec cadre, spots encastrés dans les meubles, tapis antidérapant dans les tiroirs, poubelle à tri sous l’évier … tout, je vous dis.

Arrive le moment de la douloureuse. Bizarrement, il prend ses précautions : « On est bon ! Vous allez voir. Je vais vous annoncer un tarif, mais ne vous inquiétez pas, on va voir comment retomber sur nos pattes« .

Et le tarif qu’il m’annonce, c’est … 18 650 euros ! Oui, oui, vous avez bien lu ! On est presque au double du budget qu’il m’avait demandé. À partir de là, je vais aller de surprise en surprise. Il commence par le four micro-onde : « c’est cadeau, je vous l’offre !« . La plaque induction : « c’est cadeau, je vous l’offre !« . L’évier et le mitigeur : « c’est cadeau, je vous l’offre !« . C’est Noël avant l’heure. Ce mois-ci, j’ai vraiment beaucoup de chance, car il y a l’opération « 150 euros de cadeau tous les 1000 euros ». Donc sur 18 650, ça fait 2800 euros de moins. Et il n’en fini plus de remiser… sans que je demande quoi que ce soit. Je n’ai rien négocié, je l’écoute et le tarif fond comme neige au soleil pour atterrir à … 9 700 euros ! « Vous voyez, on y est ! » me dit-il fièrement en prenant soin d’ajouter « ce n’est pas pour rien qu’il y a autant de diplômes derrière moi ! »

Et là, je me dis « chapeau l’artiste !« . Ma cuisine vaut presque 20 000 euros et moi, je ne la paie que 9 700. Je suis un privilégié !

En réalité, il a utilisé une technique bien connue en psychologie que l’on appelle « L’ancrage des prix ». C’est un biais cognitif très puissant. Il ancre le prix de 18 650 euros dans mon esprit. Puis, il m’annonce qu’au final, je ne paierai que 9 700. Ce qui fait passer le 9 700 pour ridicule au regard du 18 650. Et le client succombe… mais pas moi

Maintenant, vous avez compris pourquoi il voulait me fourguer plein d’électroménager : c’était pour mieux en faire cadeau à la fin dans sa stratégie de remise.

Posons-nous cette question : pourquoi m’annoncer un tarif prohibitif alors qu’il sait pertinemment que la cuisine ne vaut pas ce tarif de départ ? Ce n’est pas la vraie valeur de la cuisine. Je n’ai rien demandé, rien négocié et voilà que, de lui-même, il fait chuter le prix. Ce n’est donc pas pour mes beaux yeux qu’il descend son prix et je comprends qu’il le fait pour tous ses clients. Alors pourquoi fait-il cela si ce n’est pas pour un tour de passe-passe commercial ?

Autre question : à 9 700 euros, s’est-il saigné aux quatre veines pour me faire plaisir ? La réponse est évidemment négative. Car il doit marger sur cette vente. Si non, comment payer le bâtiment dans lequel il est, son show-room, son salaire, etc … et on sait que les cuisinistes margent bien. Donc 9 700 c’est le prix de la cuisine avec la marge de monsieur Ixina.

On sait qu’un cuisiniste, ça marge entre 50 et 70 %. Donc le vrai prix de ma cuisine Ixina, c’est entre 6 466 et 5 705. On est vraiment très loin des 18 650 annoncés et le monsieur Ixina le sait … Je serais presque prêt à parier que son écran, que je ne vois pas, lui affiche le vrai prix pour qu’il puisse remiser avec autant de dextérité.

Et je vous propose une dernière question, en guise d’estocade finale : si je lui avais répondu que mon budget était de 2000 euros, aurais-je eu cette même cuisine pour … 1400 euros ?

Je rajoute cette partie car je reviens de chez Cuisine Schmidt avec qui j’ai signé. Savez-vous combien vont me coûter les travaux de rafraîchissement des murs de ma cuisine ? Vous savez ceux que Paulo fait au black pour 2500 € ? Ils vont me coûter 1300 €. Oui, oui, vous avez bien lu : réalisé dans les règles de l’art, avec un artisan qui a pignon sur rue, avec devis, facture, tva et tout le tralala, ça me coûte 1200 € de moins que Paulo qui travaille au black … ça mérite réflexion, non ? vous ne trouvez pas ?

Bon, par contre le projet global, en version cuisine Schmidt, est bien loin de celui d’Ixina … il m’a coûté mes deux bras …

News du dimanche 9 juillet 2023 : Aujourd’hui, je vais au marché de Villiers et je tombe sur cette affiche :

Permettez-moi d’être mort de rire car, j’y suis allé bien avant cette promo et si vous avez lu (ou écouté) j’ai eu droit à 100% de réduction sur l’électroménager neuf, plus 48% de réduction sur la cuisine. Vous savez la technique du biais d’ancrage tout ça …

Quand la SNCF conseille la compagnie de train luxembourgeois (2/2)

Vendredi 7 octobre 2022, mon déplacement à Luxembourg, la suite … (article 1/2)

Bref, nous voilà donc vendredi fin d’après-midi à la gare de Luxembourg.

Petit résumé de la situation : j’avais réservé un retour Luxembourg -> Paris en TGV première classe et 2 jours avant, j’ai reçu un sms pour m’expliquer qu’il n’y aurait pas de TGV à la gare de Luxembourg. Que je devrais prendre un bus de substitution qui m’emmènerait à Metz pour prendre enfin mon TGV pour Paris
Bref, je me suis demandé comment je réagirais si Air France m’annonçait un pédalo de substitution entre New-York et Brest pour un vol New-York -> Paris …

Bon, je me dirige donc vers les bus de substitution à la gare de Luxembourg. Ci-dessous la véritable photo de la pancarte qui donne la direction des bus de substitution …

Mon bus de substitution va donc se rendre de Luxembourg à Metz. Et pour faire ce trajet, il n’a d’autre choix que d’emprunter l’A31.

Alors, pour ceux qui ne connaissent pas bien l’autoroute A31 entre Luxembourg et Metz en fin d’après-midi, c’est à dire au retour des frontaliers vers la France, bah … c’est ça :

A 18h, la voie fluide c’est pour aller vers Luxembourg et la voie totalement bloquée c’est … vers Metz ! Donc un bus de substitution Luxembourg -> Metz à 18h … j’ai quelques doutes sur l’heure d’arrivée. J’ose espérer que la SNCF sera assez intelligente pour ne pas faire partir le TGV si nous ne sommes pas arrivés à l’heure.

Bref, après 12 000 heures d’attente à piétiner debout sur un trottoir luxembourgeois, le fameux bus de substitution arrive. Une foule éclectique se presse aux pieds … du chauffeur pakistanais du bus. Par éclectique j’entends : des passagers avec valise, sans valise ou avec monstrueuse valise qui veulent absolument monter avec leur cantinière militaire de 120 kg. Monsieur, vous voyez bien que ça ne va pas être possible, votre malle métallique qui a fait l’Indochine, il faut la mettre dans la soute ; des passagers avec masque, des sans masque ; des voyageuses parisiennes du XVIe arrondissement plus habituées à la 1ere classe du TGV qu’aux foules bigarrées de la gare routière et qui se demandent où diantre se trouve la file VIP. Et pendant ce temps, le chauffeur pakistanais indique le 2ieme bus derrière car … tout le monde ne montera pas dans le même …

J’ai donc troqué ma place en TGV première classe, payée un bras à la SNCF au départ de Luxembourg, contre une place dans un blablabus indien sans dédommagement.

Et comme disait Coluche : « on est parti et on est parti … »

Un peu engoncé dans mon manteau que je n’ai pas pu enlever car l’espace est quand même très réduit dans ce bus et … un gros luxembourgeois de 2 mètres 23 pour 134 kg est venu prendre place à côté de moi. Oui, les Luxembourgeois semblent avoir été fabriqués à une autre échelle : là où je fais un petit 38, ils font un gros 90. Et leurs femmes sont à la même échelle. Bref, engoncé disais-je dans mon manteau, mon siège taille Playmobil et écrabouillé contre la vitre par mon imposant voisin de substitution, je me pose cette sempiternelle question : « pourquoi c’est toujours un gros bidonneu qui vient s’asseoir à côté de moi et jamais une charmante jeune femme célibataire ? Hein, pourquoi ? »

Bref, notre autobus s’engage sur l’avenue de Mühlenweg, non sans faire crisser les pneus. Je comprends que notre chauffeur pakistanais doit être amateur de drift le samedi soir, sur le parking du supermarché Cactus de Howald avec les Jacky tuning du club « les beaufs coupe mulet » de Pétange.

Et la vitesse visiblement, il aime ça le Shabrakan sans papiers et peut-être même sans permis, travailleur détaché au Luxembourg, payé 3,5 roupies de l’heure car il n’a pas mis longtemps pour enfiler toute l’avenue. Et nous voici maintenant rue de Schifflange, « vent du cul dans la plaine » comme on dit en aviation.

Arrivés sur l’autoroute, je m’attendais à un fort ralentissement. Mais que nenni ! Les radars ? il s’en tape notre Mingma Sherpa de Pangboche sous-traitant d’Heuliez industrie. Vu qu’il est srilankais et qu’il roule dans un bus avec des plaques luxembourgeoises … TaDAAam voie de gauche et pied au plancher, enfin … tongue au plancher 😁

bref, double effet Kiss Kool, à l’arrivée il est payé par la SNCF et il récupère 150 litres d’huile d’olive première pression à froid sous les sièges … évidemment, ma crainte d’arriver en retard à Metz n’était pas fondée. Mais je ne pouvais pas savoir que l’on aurait le Rémy Julienne pakistanais au volant

Et si non, la SNCF … elle a prévu un dédommagement ? Bah … non ! Pourquoi ?

Quand la SNCF conseille la compagnie de train luxembourgeois (1/2)

Vendredi 7 octobre 2022, je reviens à l’université de Luxembourg après 2 promotions d’enseignement en distanciel. Je réserve mon aller-retour Paris-Luxembourg environ 10 ans avant pour espérer trouver un tarif accessible. A la SNCF, accessible n’a rien à voir avec les personnes à mobilité réduite, c’est plutôt « trouver un tarif où tu n’es pas obligé de tomber dans la revente de cocaïne pour financer ton déplacement« .

Bref, le lundi 3 octobre, je reçois un sms de la SNCF pour me prévenir que mon TGV … ne partira pas de la gare de Luxembourg mais de la gare de Metz. Et que j’aurai l’immense chance de voyager, au frais de la SNCF, dans un bus de substitution.

Alors voyez-vous, un bus de substitution entre Luxembourg et Metz c’est un peu comme si vous aviez acheté un billet d’avion New-York – Paris mais que 2 jours avant, Air France vous envoie un sms pour vous dire que … l’avion ne partira pas de New-York mais de … Brest et que vous bénéficierez d’un pédalo de substitution entre New-York et Brest !

Cela faisait donc un peu plus de 2 ans que je n’étais pas revenu à Luxembourg. J’avais bien vu que des travaux étaient en cours à la gare mais je ne m’attendais pas à une telle métamorphose. Je comprends mieux l’histoire des travaux sur les voies. La gare de Luxembourg, façon « petit train dans la campagne » s’est transformée en « mégapôle multimodal interconnecté de noeuds ferroviaires aéroportés transfrontaliers de ta mère en string au Prisunic wesh wesh c’est trop de la balle fréro de la chicha en première classe »

Bon, bref me dis-je, je vais déjà aller à Luxembourg assurer mon cours et je verrai au moment venu pour le retour.

Hop, je file à plus de 300 km/h vers Luxembourg dans mon véhicule électrique. Bein si … un TGV c’est électrique … et c’est quand même autre chose qu’une Tesla 😉

Arrivé à la gare de Luxembourg, je descends sur le quai et … wahouuu elle où ma petite gare façon maquette Jouef de train électrique ? En 2 années, la gare de Luxembourg est passée de la gare de Gerbéviller à la gare de Paris Nord :

Si,si, je déconne pas, la gare de Gerbéviller existe bien et pas uniquement le samedi soir après le 4ieme mojito coupé à la sangria bas de gamme  ! Je vous laisse chercher sur Google Maps.

Hum … des travaux sur les voies qui oblige la CFL, c’est la Société nationale des chemins de fer luxembourgeois, à mettre des bus de substitution,  … ça me rappelle quelque chose … voilà la pensée qui traverse mon esprit au moment où je pose le pied sur le quai. Mais je ne pousse pas plus loin le raisonnement.

Allez zou, je vous passe la nuit à l’hôtel Park Radisson Inn réservé par l’université « A contemporary hotel near big attractions in Luxembourg » comprenez « un hôtel tendance dans un parc d’attraction à Luxembourg », « Luxembourg City hotel lies on the vibrant Avenue de la Gare« , « L’hôtel de ville de Luxembourg longe l’avenue qui vibre de la gare », et enfin « Our modern rooms are the perfect stay to enjoy multicultural Luxembourg » c’est à dire « Nos chambres modernes sont le parfait escalier pour le joyeux Luxembourg multiculturel »

Après une nuit plutôt paisible, je descends le fameux joyeux escalier pour rejoindre la salle multiculturelle du petit déjeuner. Le serveur m’accueille avec ce slogan :  « Le petit déjeuner, une façon très saine de commencer la journée. » Je me dirige vers donc vers le buffet du petit déjeuner traditionnel luxembourgeois faible en calories composé de mettwurst, la célèbre saucisse luxembourgeoise, de bacon, de lard, de haricots, d’oeufs au plat, de black blutwurst, de beignets de patates fris dans l’huile, de fromage, de pain, de ketchup, d’oeufs brouillés, de rosties, etc …

Je regrette un peu l’absence de choucroute garnie, de baeckeofe et de flammekueche mais l’heure n’est plus aux tergiversations, c’est que … j’ai un train à prendre pour Belval Université à … 8h02 pétante. Oui, je me souviens que les trains Luxembourgeois sont précis comme l’horlogerie Suisse.

Arrivé à la gare, je cherche mon train pour connaître le numéro du quai et … rien ! Pas de train pour Pétange avant … 8h32 ! Mais que se passe-t-il ? Je cours vers le préposé de la CFL et m’enquière de la situation.

Le préposé : « Der 8:02-Uhr-Petange-Zug fällt aus. Der 8:18 Uhr auch. Sie müssen sich auf die um 8:32 Uhr beziehen, Sir »

Je lui demande alors s’il y a eu un accident, une catastrophe nucléaire, je ne sais pas moi … la guerre pour expliquer tout ce bazar sur la circulation des trains ?

Le préposé : « Nein, nein, alles ist in Ordnung. Wir haben gerade die SNCF als Berater für unsere Transformation hinzugezogen. Heute können wir stolz darauf sein, das SNCF-Modell perfekt in die CFL importiert zu haben »

HAAaaaaaaaaa je comprends mieux ! Bon, je vous la fait rapide : la CFL est une toute petite compagnie qui n’a pas la capacité d’ingénierie nécessaire pour s’agrandir rapidement. Donc ils ont fait appel à … la SNCF ! Et maintenant, les cheminots luxembourgeois sont très fiers de présenter leur organisation identique à celle de la compagnie française …

Bref, un bel affichage d’inspiration SNCF : Trains supprimés, problèmes opérationnels, bus de substitution, etc … le même affichage que les RER en région parisienne …

Je prends place dans le 8h32 pour Pétange. Ha oui, je vous donne cette petite précision pour ne pas vous faire avoir si un jour vous allez à la gare de Luxembourg. En France, 1 train égal 1 quai mais à Luxembourg c’est différent : 1 quai égal plusieurs trains ! Par exemple le mien est en quai 5 repère AB et il se pourrait tout à fait que sur le même quai 5 mais repère CD se trouve un autre train prêt à partir dans le sens opposé. Donc, si tu fais pas attention, tu montes dans l’autre train et zou … te voilà parti en direction de Ettelbruck !

Franchement, c’est un petit truc tout bête que la SNCF pourrait importer pour bordelifier un peu plus son organisation. Imagine, tu es à la gare de Lyon … la gare de Lyon à Lyon, pas la gare de Lyon à Paris hein … tu vois ton TGV pour Paris affiché voie 2. T’es en retard, tu fonces … mais t’as pas vu que voie 2 tu as aussi un TGV pour Marseille ! Bim, tu penses rentrer chez toi et bah … non. Et comme le train s’arrête pas avant Montpelliers …

Bon, bref, me voilà en route pour Pétange avec l’assurance d’arriver en retard dans ma salle de cours.

Hé oui, ce n’est pas pour rien qu’il y a des haricots au petit déjeuner …

Dans l’épisode suivant, vous découvrirez comment le chauffeur de bus pakistanais roule « à fond, à fond, à fond » sur l’autoroute A31 entre Luxembourg et Metz …

Les avis sur internet, c’est rien que des menteries !

#ArticleSerieux

Vous connaissez ce principe : vous achetez un truc, voire un bidule, sur internet et ensuite le site vous envoie un mail pour que vous répondiez à quelques questions et que vous donniez une note. Si vous voulez en savoir plus sur ce concept, je vous invite à taper NPS dans votre moteur de recherche. NPS ça veut dire « Net Promoter Score« . Il s’agit de la mesure de la satisfaction des utilisateurs de site internet.

Alors, on savait qu’un grand nombre d’avis sur le net est en réalité bidonné. Ce sont de faux avis de faux clients juste destinés à influencer les futurs clients … que vous êtes.

Hé oui, en voyant des milliers de consommateurs esbaudits devant leur mouli-persil turbo slicer waterproof, votre système émotionnel se met en branle et vous voulez ce mouli-persil … vous qui êtes allergique au Petroselinum.

Pour comprendre comment fonctionnent les avis bidons, vous avez besoin de 2 concepts :

  • le concept légal : le turk mécanique d’Amazon
  • le concept illégal : la ferme à clic

Pour le légal, c’est la plateforme « Amazon_Mechanical_Turk« . Par exemple, vous souhaitez avoir plein de like sur votre profil facebook, vous allez sur la plateforme et vous proposez 1 centimes du like. Derrière, des centaines de milliers de tâcherons du web vont se connecter et vont aller liker votre profil. Ca leur prendra 10 secondes et ça leur rapportera 1 centime. Pas énorme direz-vous. Mais en faisant cela toute la journée, et en accumulant les tâches à quelques centimes, ils s’assurent un revenu à la fin du mois.

Du côté de l’illégal, vous achetez un service auprès d’une ferme à clic. Ce sont des installations avec des centaines de smartphones pilotés par un ordinateur qui vont venir liker le mouli-persil turbo slicer waterproof et dire « comment il est vraiment trop grave bien ! »  Et voilà comment votre système émotionnel a été dupé, non par des vrais acheteurs mais par une ferme à clics située en Thaïlande. Il n’y a aucun acheteur réel de mouli-persil mais simplement une batterie de 471 iphone qui a écrit des avis super trop bien du mouli-persil. Au bout du compte si vous saviez la vérité, vous vous sentiriez bien seul … avec votre mouli-persil !

Bref, revenons à nos moutons ou plutôt … à ma verrière ! Car il s’agit de l’installation de ma verrière (Episode 1) pour laquelle je dois donner mon avis.

Voyez-vous, je reçois, le 28/11/2019 un mail m’expliquant que je vais pouvoir donner mon avis sur ma verrière. Comme je suis plutôt satisfait et fier du résultat, je clique !

En plus, c’est du sérieux. C’est pas un site bidon puisque c’est un « Prestataire d’évaluations clients indépendant, transparent et certifié NF Service » hein ! Quand même ! Allez zou, je donne d’abord les notes demandées, entre 3 et 4 sur 5 suivant les questions … c’est pas mal et correspond à mon évaluation de la prestation. Puis je prends mon plus beau clavier et je rédige un avis circonstancié et objectif :

Je cherchais un interlocuteur unique pour mes travaux. IZI by EDF m’ayant expliqué qu’ils ne pouvaient se charger de la totalité du chantier comme ils l’avaient fait pour ma salle de bain, j’ai cherché ailleurs. J’ai trouvé Lapeyre qui était OK pour tout prendre en charge : matériels, fourniture et pose. Mais j’ai été très surpris de découvrir que Lapeyre est zéro digital. En clair, j’ai du me déplacer 3 fois au magasin : 16 kms A/R soit 48 kms de voiture en ville, soit 1 heure au total, bonjour le bilan carbone pour une démarche que je pourrais faire en 3 clics sur internet … IZI by EDF le fait. Ensuite, pour installer une verrière qui a demandé exactement 2h de travail à 2 ouvriers, j’ai du engager des démarches qui se sont étalées sur 78 jours, soit 2 mois et demi ! Enfin, je me retrouve avec une pochette de 21 documents papiers ! dont 2 envoyés par voie postale que j’aurais du renvoyer par la même voie … mais que je n’ai pas fait et Lapeyre ne s’en est pas rendu compte … Et le jour de la commande ferme, j’ai du aller au magasin pour signer et parapher un contrat aussi compliqué que si j’achetais un bien immobilier … Et je ne dis rien sur le vendeur conseil … pour le dire autrement, je ne m’attendais à être reçu comme un chien dans un jeu de quille …

Voilà, clair, net, précis, détaillé, de quoi éclairer un potentiel client de Lapeyre. N’hésitez pas à relire les 4 épisodes de mon chantier pour vous assurer que ce que je raconte dans cet avis est véridique.

Le lendemain, je reçois le petit mail automatique qui va bien :

OK, pas de problème, 14 jours … j’attends. Le 6/12/2019, je reçois ce message : « Votre avis a été refusé » :

J’ai pensé que c’était le passage sur le côté « zéro digital » qui n’avait pas plu mais non … regardez le motif : « Le contenu textuel incite à l’achat chez un concurrent.« . Hé oui … en gros, j’ai pas le droit de parler d’un autre commerçant même … si c’est pour dire que l’autre commerçant n’a pas su répondre à mon besoin. Heuuuuu non mais allo, quoi ! Il est thaïlandais le p’tit gars qui a vérifié l’avis ? Non, parce que là … j’incite pas du tout à l’achat chez un concurrent. J’explique au contraire que le concurrent est moins bon que Lapeyre.

Bon, bref, j’insiste pas. Je ne vais pas passer ma semaine sur cette histoire. Mais c’était sans compter la pugnacité du site « Avis Vérifiés ». Hé oui, voyez-vous, le site « Avis Vérifiés » ne touchera des sous que s’il obtient mon avis. Sans mon avis, que dalle, rien, nada pas un kopeck de Lapeyre. Donc … il insiste. Et voilà le mail que je reçois dans la foulée du précédent :

Je vous traduis le truc : « vous avez tout faux dans votre premier avis puisque vous avez cité un concurrent de Lapeyre. Donc on a refusé votre avis. Mais comme vous êtes bien gentil, on vous offre le droit de recommencer. Mais cette fois faites attention … veillez à être très gentil avec Lapeyre si non … pan pan cul cul … hein !« .

Je ne sais pas vous, mais moi, je trouve le process de « Avis Vérifiés » un tantinet infantilisant : « tu n’as pas été gentil … hein ! Il ne fallait pas dire du mal de Lapeyre ! Alors maintenant tu vas recommencer … hein ! Hum … et tu vas être gentil … tu vas écrire un avis très gentil … d’accord ? »

Alors voilà, comme je n’aime pas être pris pour une andouille … j’ai laissé tomber me direz-vous ? Pas du tout ! Je suis retourné sur le formulaire, j’ai consciencieusement mis 1/5 pour toutes les notes et dans le commentaire … j’ai expliqué que j’allais rédiger un article sur mon blog !  Hé hé … et j’espère que le p’tit gars du site « Avis Vérifiés » lira cet article
En conclusion, méfions-nous des arguments du type « Prestataire d’évaluations clients indépendant, transparent« . Et surtout, ne nous laissons pas impressionnés, voire enduire d’erreur, par une soit disant certification même si cette certification est délivrée par AFNOR. Soyez très attentif au « … et certifié NF Service« .

En fait « Avis Vérifiés » n’est absolument pas indépendant. Il s’agit d’un service acheté par un site marchand. Et le site marchand, en l’occurrence Lapeyre dans mon cas, n’as pas envie d’acheter des avis négatifs. Et comme « Avis Vérifiés » doit maximiser ses gains, il a intérêt à 1. Obtenir un avis d’un vrai client et 2. Que cet avis soit positif. Donc « Avis Vérifiés » guide le client vers un avis bien lisse, bien propre, en faveur du site marchand … CQFD

Juste pour s’en assurer, allons voir la note globale de Lapeyre.fr :


Note globale de Lapeyre.fr : 4/5 … je ne sais pas vous, mais moi … ça me fait penser à l’élection de Vladimir Poutine … réélu dès le premier tour avec 76,7 % des voix …

News du 13/12/2019 : de mieux en mieux !

Je reçois ce jour un mail d’avis vérifiés qui m’explique que mon avis est en ligne ! Bein voyons, si vous avez bien lu cet article, vous avez compris que mon 2ieme avis c’est … l’annonce de l’écriture de cet article. Je serais donc curieux de savoir ce qu’ils ont publié sur le site de Lapeyre. Et BAM, voila ce que je trouve :

Donc mon avis c’est « Voir mon commentaire dans la rubrique texte suivante » … bon, je vois pas l’intérêt de publier ça … mais la cerise sur le baba au rhum c’est quand même le commentaire de Lapeyre « Votre précédent avis n’a pas été refusé parce qu’il était négatif mais parce qu’il comportait des injures … ». Si vous remontez quelques ligne, vous verrez le mail où AvisVérifiés indique comme motif de suppression : « Le contenu textuel incite à l’achat chez un concurrent. »

Donc pour Lapeyre, citer un concurrent est … une injure … comprenne qui peut …

Bref, j’ai envoyé un petit message à Lapeyre pour rétablir la vérité en leur donnant le mail de refus d’AvisVérifié et le motif de refus. Puis je leur ai demandé de supprimer mon avis car je ne souhaite pas contribuer à leur site dans ces conditions.

News du 16/12/2019 : l’épilogue !

Je reçois le 16/12 le même mail d’AvisVérifié m’expliquant que mon avis a été refusé et … qui me propose d’en re-poster un autre ! Heuuu comment dire … on s’arrêter là, hein ?

J’ai quand même vérifié sur le site de Lapeyre que mon avis a bien été supprimé et c’est bien le cas.

Fin de l’histoire …

#LaPeyre #AvisVerifies #AFNOR