La planète 6 3/4 et le général paradoxal

#ALaManiereDuPetitPrince

Rappels des épisodes précédents :

Après avoir ramoné son volcan, le Petit Prince profite d’une migration d’oiseaux sauvages pour entreprendre son voyage. Avant d’atterrir sur la terre, il visite 7 planètes où il rencontre sept personnages : le roi, le vaniteux, le buveur, le businessman, l’allumeur de réverbères, le géographe respectivement.

Ce que l’on ne sait pas, en revanche, c’est qu’avant de croiser l’aviateur dans le désert, il a fait escale sur la planète six trois quarts.

Cette planète était habitée par un Général. Il était avachi dans un fauteuil, les bras derrière la tête, vociférant des mots incompréhensibles tout en mâchouillant hystériquement son chewing-gum anti-tabac.

Il était si vitupérant qu’il ne vit pas le Petit Prince. Profitant d’une reprise de respiration, celui-ci lui dit :

  • Bonjour, vous avez mal ?
  • Bonjour, je m’adresse affectueusement à mes soldats. Il faut toujours s’adresser à ses sbires avec bienveillance, dit-il d’une voie devenue presque un murmure. Tu es de quelle promotion mon jeune ami ?
  • Promotion ? ça veut dire quoi promotion ?
  • Le nom de ta promotion … moi, par exemple, c’est « Denis Diderot » … et toi, c’est qui ?
  • Je n’ai pas de promotion, dit benoîtement le Petit Prince
  • Alors pourquoi venir m’importuner dans mon bureau si vous n’êtes pas mon nouveau bras droit ?

Le Petit Prince qui ne comprenait décidément pas grand-chose à ce dialogue de sourds, se hasarda à poser cette question

  • Vous n’avez plus de bras droit ?
  • C’est cela, oui. Il a préféré rejoindre un autre homme avec un projet plus prometteur parait-il. Et tous les deux se sont mis en marche vers le sommet de cette montagne, là-bas dit-il en pointant son index.
  • Ca sert à quoi … un bras droit ?
  • A avoir des idées. Moi je n’ai pas d’idées. Et les idées, c’est indispensable pour  faire une stratégie.
  • Pourtant, vous avez plein de soldats. Ils n’ont pas d’idées ?
  • Ils ne peuvent pas, ils n’ont pas fait de promotion.
  • Mais alors, que font tous ces soldats ?
  • Ils exécutent les ordres en suivant les procédures et sans jamais s’écarter des procédures
  • C’est important de suivre des procédures ?
  • C’est TRES important, c’est indispensable ! Si chaque soldat était libre de faire comme il l’entend, ce serait très vite le chaos
  • Pourtant le soldat, c’est lui qui est au plus près de la situation à gérer. Il est donc le plus à même de choisir l’action à faire
  • Tout à fait. C’est pour cela que maintenant, on lui fait confiance. C’est-à-dire que l’on parie sur la confiance que l’on peut avoir en lui pour bien suivre la procédure et ne pas s’en écarter.
  • Mais parfois, il y a des choses que l’on ne peut pas mettre en procédure. Moi, par exemple, sur ma planète, j’ai une rose. Elle a des réactions que je ne comprends pas toujours. Je ne pourrais donc pas les anticiper. Elle est imprévisible. On ne peut pas mettre en procédure l’imprévisible.
  • Bien sûr que si ! C’est ce qu’on apprend dans la promotion : tout peut se mettre en procédure. Même l’amour peut se mettre en procédure …
  • Alors, dans ce cas, vous devriez avoir une procédure pour remplacer votre bras droit, rappela le petit prince qui jamais n’oubliait une question une fois qu’il l’avait posée.
  • C’est pas faux ! Le général prit alors son mégaphone et hurla dedans « Mes subalternes, rappliquez ici et au pas de charge ! » puis il ajouta à l’attention du Petit Prince : « Un bon manager doit aussi savoir parler doucement à ses subalternes. C’est pour cela que mes soldats et mes subalternes m’apprécient »

Trois subalternes qui passaient par là se présentèrent alors devant le général. Debout devant lui, ils étaient livides et tremblants en attendant les ordres. Le général leur demanda de lui apporter la procédure de remplacement d’un bras droit. Les subalternes se regardèrent d’un œil interrogateur, puis après un long conciliabule, l’un d’eux prit la parole.

  • Il n’existe pas de procédure de remplacement d’un bras droit
  • Le général hurla alors en postillonnant à tout-va : « qu’est-ce que c’est que ce manquement ? Pourquoi n’y a-t-il pas de procédure de remplacement d’un bras droit de général ? Qui est responsable de l’écriture des procédures ? Hein ? »

La préposée à l’écriture des procédures s’avança et prit la parole immédiatement pour expliquer qu’elle allait tout de suite rédiger la procédure avec le préposé au pilotage des procédures et le préposé aux ordinateurs qui suivent les procédures.

Le général éructa que le préposé aux ordinateurs n’avait que des soldats paresseux et qu’il ne voulait plus travailler avec des soldats paresseux. Le général expliqua en hurlant qu’il fallait travailler avec des soldats start’upeurs, car ceux-là étaient des petits jeunes qui en voulaient. Ce n’était pas comme les soldats du préposé aux ordinateurs qui, une fois embauchés, devenaient des fonctionnaires qui ne voulaient plus rien faire.

Moins d’une minute plus tard, la préposée à l’écriture revint avec une feuille portant ladite procédure.

Comme son précédent bras droit avait fait la promotion « République » alors il devait prendre pour nouveau bras droit un subalterne de la promotion « Marie Curie ». Pourquoi la procédure avait-elle décidé cela ? Ca personne ne le saurait jamais …Aquarelle originale de moi-même façon Saint Exupéry

Le général n’était pas content, car le général n’est jamais content. Alors il cria très fort dans son mégaphone « Bull Shit, tout ça c’est des Bull Shit ! »  et les subalternes profitèrent de l’instant où le général écrasa rageusement son chewing-gum anti-tabac dans un cendrier pour s’éclipser.

Le Petit Prince voulu aussi s’éclipser parce qu’il ne goûtait guère les sauts d’humeur du général. Mais celui-ci s’adressa au Petit Prince et lui demanda de s’approcher.

  • Il faut toujours demander leur avis aux soldats de la base, dit-il au Petit Prince, tout doucement. Car ce sont eux qui savent le mieux ce qui est bon pour leur organisation. Regardez cette liste et dites-moi quel bras droit vous choisiriez !
  • Le Petit Prince ne savait lequel choisir parce qu’il ne connaissait personne de la liste. Alors, il choisit celui affecté au Ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, car il pensait à sa rose. Il dit « celui-ci fera certainement un bon bras droit puisqu’il connait la nature »
  • Le général répondit « Parfait, c’est un très bon choix, je retiens donc celui qui … hum … est inspecteur général des finances. C’est important de connaitre la finance et puis comme c’est le même corps d’origine que moi, c’est forcément une bonne référence. »

Ayant solutionné le problème de bras droit, le Petit Prince fut autorisé à retourner à ses occupations, non sans un dernier conseil du général : « Croyez-moi, vous devriez mettre en place un programme, recruter 26 personnes, et formaliser vos procédures – celle du volcan, celle des baobabs, des couchers de soleil, de la rose, du dessin du mouton, du renard … »

Le Petit Prince ne s’était pas retourné et avait continué à marcher puis à courir au fur et à mesure de l’énonciation du conseil du général paradoxal. Si bien qu’il n’entendit jamais la fin de la litanie d’un conseil qu’il percevait inutile …

Et le petit prince s’en fut, perplexe.
« Les grandes personnes sont décidément très très très bizarres », se disait-il en lui-même durant le voyage.

Chronopost, un livreur … qui ne livre pas !

Vous avez commandé un produit qui doit être livré chez vous par Chronopost ? Et vous avez en tête une représentation de sérieux et de professionnalisme de Chronopost ?  Alors asseyez-vous car ce récit va mettre à mal votre perception de Chronopost.

Un peu de teasing : vous avez acheté un produit en ligne qui doit être livré par Chronopost à votre domicile ? Bonjour la déconvenue quand vous découvrez, par hasard, que … bah non, Chronopost fait comme il veut et livre où bon lui semble !

Tout commence par un ordinateur qui plante. Que je parviens à réparer tant bien que mal. Mais qui reste quand même à la ramasse. Bref, je tergiverse pendant des semaines. J’hésite sur le nouveau modèle à acheter. J’hésite …

Voilà que je me retrouve à devoir faire une visioconférence avec cet ordinateur. Et je découvre que je ne peux pas mettre d’image de fond d’écran sur l’outil zoom parce que ma carte graphique est trop ancienne et ne gère pas le fond vert. Comme c’est une visioconférence semi-professionnelle, je n’ai pas trop envie que les participants voient mon intérieur. Bref, c’est un peu l’élément déclencheur de toute cette histoire.

Je vais donc sur les 2 ordinateurs que j’avais identifiés, près pour la commande. Et là … c’est le drame ! Celui que je préférais est en rupture de stock ! Je décide de prendre mon mal en patience et d’attendre qu’il soit à nouveau disponible.

Bref, encore quelques semaines de tergiversation et BIM ! Le voilà disponible. Je commande l’unité centrale et un écran car je veux faire double écrans avec mon ancien. J’indique l’adresse de livraison : chez moi. Et Hewlett Packard me garantit une livraison en 48h maxi chez moi.

Je regarde régulièrement la progression de la livraison sur le site de HP. Effectivement ça avance très vite. Mais 24h plus tard, le site indique « En cours de livraison ». 36h plus tard, idem. Et 48h plus tard re-idem. Je patiente … 62h plus tard re-re-idem. Je patiente … 76h plus tard re-re-re-idem ! Je trouve cela bizarre, j’essaye donc de cliquer un peu partout pour tenter de trouver plus d’information et me voilà sur le site de Chronopost.

Alors voyons-voir, colis pris en charge … ok. Colis en cours d’acheminement … ok. Colis livrés ! Quoi ? Colis livrés ! Bah non, je n’ai rien reçu. Je lis plus précisément : colis livrés en point relai : bureau de poste de Villiers sur Marne ! Et il est à la Poste depuis … 4 jours ! Sans que je sois correctement informé ! Si je m’étais contenté du suivi sur le site HP, je n’aurais jamais découvert le pot aux roses

C’est quoi cette histoire ? Pourquoi mon ordinateur est à la poste alors qu’il devait être livré chez moi ? J’appelle le service après-vente HP : si vous voulez un … tapez 1, si non tapez étoile dièse 154 … si vous demandez un … tapez … Bref, après 26 minutes de chiffres, de dièse et d’autres circonvolutions j’ai une voix au bout du fil

  • moi : Bonjour madame, mon ordinateur n’est pas livré
  • elle : ok, je regarde … je vois qu’il est livré au bureau de poste de …
  • moi : oui, mais c’est pas ce que l’on avait convenu. Il devait être livré chez moi
  • elle : oui je sais bien, mais avec Chronopost c’est souvent comme cela
  • moi : bein … vous pouvez faire quelque chose pour qu’il me le livre chez moi ?
  • elle : je veux bien faire une réclamation mais vous savez … je ne les ai jamais vu donner suite à nos réclamations alors … écoutez, je fais une réclamation et je vous tiens informé par mail.

C’est un appel que je fais à 9h30, à l’ouverture du service. Je me donne jusqu’à 11h30 pour recevoir une réponse. 11h30 … évidemment … rien. Je rappelle ! Même scénario, même réponse et elle me confirme que sa collègue a bien fait une réclamation auprès de Chronopost.

Bref, je continue mes investigations et sur le site de Chronopost je trouve, dans le suivi de ma commande, le numéro pour appeler Chronopost : c’est le 3631

J’appelle … rebelote pour les dièses, les circonflexes et les suites de chiffres et … BAM « pour un coli Chronopost, ce n’est plus le 3631 qu’il faut composer mais le 0 969 391 391 … » et comme elle le dit très vite, je n’ai évidemment pas le temps de noter.

Je re-appelle et je re-rebelote pour les dièses, les circonflexes et les suites de chiffres et … BAM « pour un coli Chronopost, ce n’est plus le 3631 qu’il faut composer mais le 0 969 391 391 … » et comme elle le dit très vite … malin, j’ai sorti le dictaphone et j’ai enregistré !

J’appelle le 0 969 391 391 et vous avez compris … dièses, circonflexes,  suites de chiffres et carabistouilles. Un commercial, au fort accent indien, mais surtout à 0,05 décibels me réponds.

  • moi : vous pouvez répéter je n’entends rien ! Je n’ai pas reçu mes colis
  • lui : ils sont livrés au bureau de poste de …
  • moi : oui, mais c’est pas ce que l’on avait convenu. Ils devaient être livrés chez moi
  • lui : le livreur s’est présenté chez vous mais vous étiez absent. C’est pour cela qu’il a livré au bureau de poste
  • moi : vous plaisantez ? Je suis en télétravail à 100%. Je suis donc chez moi H24 ! En plus, il n’y a aucun avis de passage dans ma boîte
  • lui : un coli enregistré au bureau de poste ne peut plus être sorti
  • moi : c’est quoi cette règle ? Vous êtes le livreur, vous vous êtes engagé à me livrer chez moi. Vous prenez un kangoo et vous arrivez
  • lui : les colis seront conservés 7 jours. S’ils ne sont pas récupérés, ils seront retournés chez l’expéditeur conformément aux conditions générales d’utilisation de Chronopost
  • moi : ce n’est pas ce que je vous demande. Est-ce que vous allez me les livrer chez moi ?
  • lui : les colis seront conservés 7 jours. S’ils ne sont pas récupérés, ils seront retournés chez l’expéditeur conformément aux conditions générales d’utilisation de Chronopost
  • moi : mais ce n’est pas une réponse à ma question. Répondez juste par oui ou non à la question : allez-vous livrer les colis chez moi ?

Et là … c’est le drame ! Le type se met en boucle :

  • lui : les colis seront conservés 7 jours. S’ils ne sont pas récupérés, ils seront retournés chez l’expéditeur conformément aux conditions générales d’utilisation de Chronopost

Alors ? Qu’est-ce que tu as fait ?

Bah, j’ai raccroché ! J’ai bien compris que je n’arriverais à rien. Il a commencé par essayer de m’enfumer avec le livreur qui serait passé mais j’étais absent … impossible je suis 24h sur 24 chez moi.

Ensuite, il a tenté de m’expliquer qu’un coli réceptionné par un point relai ne peut plus être re-sorti. Là j’ai cru halluciner ! Allo, non mais allo : t’es transporteur ? t’as un kangoo ? Tu prends une bagnole, tu mets les colis dedans et tu fais ton boulot de livreur  !

Et à la fin, il a bogué et il tournait en boucle …

Et alors ? Qu’est que tu as fait ?

Bah … j’ai pris ma carte d’identité, j’ai mis mon masque et je suis descendu au bureau de poste. J’ai expliqué le bazar au préposé qui m’a demandé « vous avez un avis de passage ? »  A ton avis, pépère ? Avec un livreur qui n’est jamais venu chez moi … comment veux tu que j’aie un avis de passage ?

Le type part avec ma carte d’identité et revient avec mes colis en 2 trajets. Après des bip, des beep, des flip et des zigouigouis sur la tablette me voilà l’heureux propriétaire de deux cartons de 15 kilos à ramener chez moi … pedibus cum jambis

Un carton sur le dos, façon sherpa tibétain, et l’autre sous le bras, façon dromadaire tunisien, j’entreprends l’ascension de l’Everest par la face nord pour rentrer jusque chez moi.

Heureusement, à mi-parcours, des gens sont venus me donner des bidons d’eau, si non je serais certainement mort desséché et écrasé par le poids des cartons

Bref, après avoir perdu 121 853 741 kcalories (c’est google fit qui en atteste), j’arrive chez moi en rampant sur le trottoir et en poussant mes cartons devant moi.

De retour à l’appartement, et après 6 heures de repos pour revenir à l’état normal, mais pas encore repris les 47 kilo que j’ai perdu par l’effort, je me connecter sur le site https://signal.conso.gouv.fr/ et je me fends d’un signalement

Et comme je ne suis pas du genre à laisser passer ce genre d’entourloupe sans rien dire, je fais un mail circonstancié au service client de Chronopost avec le service client de HP en copie et … la DGCCRF en copie !

La réponse de Chronopost est très rapide. Visiblement, Signal-conso leur met un peu la pression. Sauf que … Chronopost la joue … zou, je refile la patate chaude à un autre :

Donc Chronopost refile la patate chaude à HP et il me suggère donc de les appeler. Evidemment, si vous avez bien suivi l’histoire, HP a contacté Chronopost suite à mon appel quand ils ont fait une réclamation donc … on tourne en rond. Mais je respecte la suggestion de Chronopost et j’appelle HP qui me dit … bah non ! Chronopost ne donne pas suite à la réclamation.

J’ai donc cliqué sur « faire un retour à la répression des fraude » et j’ai expliqué la situation

En fait, je vous livre mon interprétation de ce comportement peut scrupuleux de Chronopost :

  • livrer chez les clients c’est chronophage et coûteux en temps de travail du livreur, en kangoo et en essence.
  • livrer tous les colis à un seul endroit – le bureau de poste – c’est rapide, facile et moins couteux en temps de travail du livreur, en kangoo et en essence
  • CQFD : Chronopost décroche le marché de transport d’HP en s’engageant à livrer chez le client. Mais une fois le contrat en poche, il s’assoie sur ses engagements et il fait ce qui lui coûte le moins … c’est un mécanisme bien connu : la SNCF fait pareil avec ses engagements auprès du conseil régional d’île de France pour les RER

News du 28/01/2022 : bah … cette fois c’est une commande amazon et je découvre que Chronopost l’a prise en charge. Je reçois un mail donc de chronopost pour me dire que mon colis est disponible au bureau de poste. Je m’y rends et … bah non ! Rien, pas de colis au bout du numéro. Le guichetier a donc du faire une réclamation …

Je suis allé au MAIF Social Club

Note : je rédige cet article en mars 2021 alors que tous les lieux de spectacle sont fermés et que l’île de France s’apprête à entamer son 3ieme confinement. Cette aventure s’est réellement déroulée en juin 2019.

Connaissez-vous le MAIF Social Club ? D’après la définition du site c’est un lieu culturel inspirant et concept-store atypique, au cœur du quartier du Marais à Paris.

En vrai, c’est un lieu branchouille-cosy avec plein de gens hypers sympas qui sourient en permanence, qui s’assoient sur des poufs mauves, qui s’achètent un poke bowl Tofu quinoa au stand épicerie bio végan végétarien végétalien puis vont s’attabler dans l’espace coworking pour manger leur soja bio avec des couverts en bambou en parlant de la petite dernière de 2 ans et demi qui vient de terminer le discours de la méthode de Descartes et qui va entrer à l’école « du frais jardin d’une rosée de printemps » parce que c’est une école Montessori et que c’est bien mieux adapté à Séraphine qui est forcément un haut potentiel. Et après le repas elles iront à la boutique regarder les objets écoresponsables tendance en matériaux recyclés et design épuré et elles achèteront une gourde à eau en carton usagé waterproof avec des motifs à fleurs pour la modique somme de 879 euros 99. Bref, bienvenue au MAIF Social Club.

Et au MAIF Social Club il y a des évènements. Ou plutôt des happening entertainment. C’est pareil mais en utilisant un mot anglais parce qu’à Paris, dans le marais, si tu parles en français, t’as rien compris. Bref, ça faisait plusieurs mois que je recevais le magazine « MAIF Social Club, le magazine » et que je trouvais sympa le concept. Mais la programmation ne me parlait pas trop. J’hésitais à aller voir une exposition de rouleaux de PQ, un vernissage de taches bleues,  un artiste plasticien qui réalise une performance à partir de vieux bidons d’huile ou encore de participer à un atelier « Fabrique ton déodorant naturel ».

J’en étais là de ma réflexion lorsque je vois la présentation d’une conférence de Matthieu Ricard qui viendra parler de psychologie positive. Intéressant me dis-je, je vais m’inscrire. Je vais sur le site, et je lis « complet ! » Ha mince. Pourtant la conférence est programmée trois mois plus tard. Et toutes mes expériences ultérieures se solderont par le même résultat. C’est que … le MAIF Social Club est très prisé des parisiens.

Bref, impossible de s’inscrire. Alors face à l’adversité, j’ai employé les grands moyens :
– Moi : allo …Doc ?
– Doc Emmett Brown : yes Bebel ! What can I do for you ?
– Moi : tu pourrais m’emmener au 15 février 1790 ?
– Doc Emmett Brown : Of course, no problem. I put a little plutonium in the DoLorean and I pick you up
– Moi : super ! A toute

Environ 1 heure plus tard, le temps de programmer le convecteur temporel, et j’étais à Hill Valley le 15 février 1790. Oui, je voulais éviter la révolution.
Bref, je suis entré dans un cybercafé. Je me suis installé devant un ordinateur et j’ai tapé https://www.maifsocialclub.fr/ j’ai dû faire attention car là-bas, les claviers sont en « qwerty » et c’est vraiment pas pratique. J’ai sélectionné la conférence d’André Comte-Sponville. Sur les 100 places, il n’en restait plus qu’une … ouf, elle est pour moi ! C’était moins une. Si j’avais su, j’aurais demandé à Doc de remonter en l’an 0 pour assurer le coup et j’aurais pu en profiter pour aller saluer JC.
Après on est allé boire une cervoise à la taverne « A la picrate des Cinq escholiers« . On a repris la DoLorean est on est rentrés.
Voilà, maintenant vous saurez : si vous souhaitez vous inscrire à un happening entertainment du MAIF Social Club, passez d’abord un petit coup de fil à Doc Emmett Brown 😉
Il y a 3 semaines j’ai reçu un mail pour me demander de confirmer, ou pas, ma réservation pour la conférence. J’ai évidemment confirmé. Il y a 15 jours, un nouveau mail pour confirmer, j’ai confirmé. Il y a une semaine qui me demandait de confirmer, j’ai confirmé. Il y a 3 jours qui me demandait de confirmer, j’ai confirmé. Il y a 2 jours qui me demandait de confirmer, j’ai confirmé. Et hier j’ai confirmé ! Sans blague, ça fait mille ans que j’attends, je ne vais quand même pas annuler sur la ligne d’arrivée.
Bref, ce soir c’est la conférence d’André Comte-Sponville sur le thème du bonheur au travail et j’ai une place 🙂
Mais il faut que je vous raconte mon aventure dans l’ordre donc … le métro !
J’arrive sur le quai de la ligne 8 et je vois que le métro est dans 7 minutes. Bon, je marche. Le quai est désert, je marche. Des gens arrivent, je marche. Et je me positionne totalement aléatoirement quelque part sur le quai. Environ 25 minutes plus tard, le métro arrive. Il y a 5 … 6 … ? Je ne sais pas … wagons. Bon, allez on va dire 5 voitures.  Quelle est la probabilité pour que, ayant marché et m’étant positionné totalement au hasard sur le quai, je tombe en face … non pas de LA voiture mais pire de LA porte de la voiture derrière laquelle se trouve … le roumain qui joue de l’accordéon ?
Enfin … qui joue de l’accordéon …
Oui, c’est insupportable ! En fait, il nous casse les oreilles et c’est sa stratégie : qu’on lui refile une pièce pour qu’il se barre dans la voitures de derrière.
Alors, je vous le demande : pourquoi ? Pourquoi les probabilités sont contre moi ? Car franchement, à raison de 3 portes par voiture, il y avait donc 15 portes. Donc, statistiquement parlant, j’avais beaucoup plus de chance de me trouver face aux 14 autres portes. Alors pourquoi je suis face à l’accordéon roumain ?
De Créteil à République, il aura massacré tout le répertoire de la chanson française en toute impunité. D’Edith Piaf à Marcel Amont en passant par Aznavour, Brel, Macias, Distel, Vartan, Dassin, Delpech,  Sheila, Sardou, Lama, Moustaki, Becaud, Christophe, Villard, Le Forestier  (je vous laisse chercher les prénoms) son interprétation, toute personnelle, de chaque gimmick vire à l’attentat musical.
Il n’y a finalement que Johnny qui sera épargné. Peut-être juste parce qu’on allume pas le feu avec un instrument à soufflet.
Je suis monté à Créteil-Université et à Maisons-Alfort j’avais des pulsions de mort. A Dugommier, j’avais envie de le dégommer. A Daumesnil, de le jeter dans le Nil. A Montgallet, son accordéon pété je voulais. A Reuilly-Diderot, je voulais lui lacérer le dos. A Ledru-Rollin, de … le fouetter avec un sapin (désolé, j’ai pas trouvé mieux comme rime). A Bastille, j’ai les oreilles qui vrillent. A Filles du calvaire, il est pour moi … le calvaire. A République, je m’empare d’une pique. Et à Bonne nouvelle, elle est pour lui … la bonne nouvelle … je descends sans avoir attenté à sa vie.
Je me dirige maintenant vers le quai de la ligne 5. Alors comment vous expliquer ? La ligne 5 c’est au fond assez simple. Quelque soit l’heure, du jour ou de la nuit, la ligne 5 est blindée. Donc j’arrive sur le quai et me mêle au trois millions quatre cent cinquante-huit mille deux cent quatre-vingt-douze personnes qui attendent une rame … déjà blindée. Je marche, je me faufile, j’avance vers le milieu du quai et je m’arrête.
C’est alors que je vois arriver un type … un peu louche. Comme dirait Coluche « un type patibulaire, mais presque !« . Il me dépasse et s’arrête un peu plus loin que moi. Je me retourne et je vois un autre type bizarre qui avance. Il dépasse le 1er type étrange et s’arrête. Puis il repart et re-dépasse le 1er olibrius. Et je vois bien qu’ils se parlent. Le 2ieme zigoto revient vers moi, me dépasse et s’arrête un peu plus loin.
Vous avez la scène en tête ? Maintenant je me trouve ENTRE les deux zèbres (oui, j’avoue, j’ai utilisé le dictionnaire des synonymes pour ne pas faire de répétition). Je comprends que j’ai affaire à deux pickpockets. Mais des pickpockets débutants pour voyageur aveugle et totalement naïf.
La rame arrive. Les portes s’ouvrent. Je rentre et observe mes deux phénomènes qui font de même. Et c’est là que mon astuce est plus grande que la leur : la sonnerie retenti et … BIM ! Je sors  et pas eux !
Bref, je regarde la rame partir et, mort de rire sur le quai, je fais un pied de nez au pickpocket roumain rouge de rage qui fulmine derrière sa vitre.
J’ai pris la rame « pickpocket free » suivante et après 3h ou 4h j’arrive à la station Montempoivre. Oui je sais, ce n’est pas du tout la station où il faut descendre pour aller au MAIF Social Club. Cette station n’est même pas sur la ligne 5. Mais j’aime bien dire « Montempoivre ». Ceci dit, j’ai hésité avec « Oberkampf » que j’aime bien prononcer aussi car ça me rappelle l’accent à couper à la tronçonneuse de mon prof d’Allemand du collège.
J’arrive au MAIF Social Club et j’arrive au MAIF Social Club. J’entre dans ce temple de la boboïtude parisienne. Je croise deux femmes assises sur des chaises hautes, un thé bio detox Kusmi dans une main et l’iPhone 154 XS 16 soupapes dans l’autre main. L’épicière bio avec son tablier façon Paris 1930 remet en place les gourdes fleuries en aluminium synthétique garanties sans bisphénol. Je lui demande où je dois me rendre pour la conférence d’André Comte-Sponville. Elle se retourne, me répond avec un large sourire artificiel, qu’il suffit de suivre la ligne jaune jusqu’à l’escalier là-bas au fond.
Bon, j’arrive au pied de l’escalier qui est empêché par une rubalise. J’en comprends que je dois patienter en faisant comme tous ces gens qui tapotent leur smartphone : m’asseoir sur un pouf mauve ou jaune de Damas. Ce que je fais. Enfin presque car je ne tapote pas sur mon smartphone, j’observe …
Une femme vient retirer la rubalise et on peut la suivre jusqu’à la salle de conférence. André Comte-Sponville est déjà là. Il nous accueille par un « bonsoir, prenez place« , ce que je fais.
Bref, la conférence se déroule comme … une conférence. Le sujet est intéressant et bien traité. Bref, une conférence quoi …
Et à un moment, une femme demande le micro pour poser une question. Elle commence par « Je vais être synthétique et faire court …« . Avez-vous remarqué comme toutes les personnes qui annoncent qu’elles vont faire court sont généralement des personnes qui … ne vont plus lâcher le micro et partir dans une logorrhée dont on comprend que si personne n’y met un terme, on y sera encore demain matin ? Bref, elle souhaitait parler de son burnout. Elle a parlé de sa vie au travail, du management horrible, et de plein d’autres choses que j’ai oubliées car j’ai très vite décroché. En fait, je scrollais sur mon smartphone quand l’agitation de la salle m’a fait relever la tête. C’était toute la salle qui criait : « La question !!!!« . Et elle a répondu « bein, c’était ça … ma question …« . Autant dire qu’André Comte-Sponville était dans un beau pétrin pour formuler une réponse qui se tienne.
Bref, je suis allé au MAIF Social Club

Le contrôle technique c’est pas écologique …

Ce texte en audio est au bas de l'article

Voyez-vous, depuis environ 20 ans, je change ma voiture tous les 18 mois. Et je reprends le même modèle. Du coup, je ne me suis jamais retrouvé dans la situation de devoir faire un contrôle technique … et ça fait 20 ans que ça Dure.

Seulement voilà, plusieurs événements sont venus perturber cette routine. Tout d’abord, le fait que je suis en région parisienne et que j’utilise de plus en plus mon pass navigo et que je ne sors plus la voiture. Ensuite, les mesures de rattrapage du diesel sur l’essence ont commencé a installer un doute dans ma p’tite tête : est-ce que je dois continuer à acheter un TDI alors que le diesel est constamment mis à l’index ? Et l’essence, c’est pas mieux car on ne parle plus que de l’électrique. Et cette histoire d’hybride, c’est quoi exactement ? Alors tu poses des questions à droite, à gauche, pour tenter de mieux comprendre. Mais les réponses te laissent pantois : « Mon pauv’monsieur, faut surtout pas acheter une électrique … leur point faible c’est les batteries. Elles ont une durée de vie limitée et les changer est impossible car ça coûterait 3 fois le prix de la voiture. Bref, quand les batteries sont mortes … bah, c’est mort …« . Ha d’accord, je vois mieux. Bon, mais alors … les hybrides ? « Mais c’est pareil mon pauv’monsieur ! En plus c’est un véhicule qui doit embarquer les 2 types de moteur et les batteries. Bref, c’est une twingo qui a le poids d’un 44 tonnes ! pour redémarrer au vert, ils faut que tout le monde descende pour pousser !« . Je vois. Et comme moi je suis tout seul, ça va pas être facile de conduire et pousser en même temps !

Bon, donc vous me conseillez de reprendre un diesel. « Mais pas du tout mon pauv’monsieur ! Plus personne ne veut de diesel aujourd’hui. Le litre est au même prix que l’essence, ça pollue comme pas possible et c’est bourré de moteurs truqués pour faire semblant d’être aussi clean qu’une jonquille dans la forêt vosgienne. Non, vous allez vous retrouver avec un véhicule que vous ne pourrez plus revendre. »

Ha d’accord, donc il ne reste plus que … l’essence. « Mais pas du tout mon pauv’monsieur ! Plus personne ne veut de voiture essence aujourd’hui. Ca consomme beaucoup trop et au prix du litre aujourd’hui, faire 100 kilomètres revient à vendre un rein. Non, vous allez vous retrouver avec un véhicule que vous ne pourrez plus revendre. »

Mais alors … je fais quoi. « Bein … vous achetez … un vélo !« . Un vélo ? vous êtes sérieux ? Dites … vous ne seriez pas un de ces … ayatollahs de l’écologie vous ? « Absolument pas ! J’ai allumé le barbecue ce samedi avec le livre de Dupond-Moretti mais je ne suis pas écolo ! La preuve … ça fait deux jours que je n’ai pas mangé de steak de tofu !« .

Bref, je n’étais pas plus avancé et je restais avec ma perspective de me retrouver avec un véhicule dont personne ne voudrait. Je décidais d’aller sur le site du constructeur automobile pour configurer un véhicule et voir ce qu’il est possible de faire.

Et là … c’est le drame !

J’ai bien cherché, cliqué partout, monté, descendu les ascenseurs, accepté, refusé les cookies, bref, j’ai tout fait et … rien ! Mon véhicule  habituel n’existe plus ! il n’est plus au catalogue ! Ni une, ni deux, je prends mon téléphone et j’appelle : « elle où ma voiture ? » « Là monsieur, elle est là… » « Vous plaisantez ? celle-ci est en 5 portes, moi je veux la mienne … en 3 portes » Et c’est là que j’ai appris que les constructeurs automobiles ne font plus de modèle 3 portes. Seulement voilà, ma voiture en version 5 portes, elle est affublée d’un adjectif qualificatif « SportBack » pour essayer de fait croire qu’elle est … sportive du derrière. Mais en vrai « SportBack » ça veut dire … péniche. Et pas une Hollandaise, une péniche Freycinet celle qui fait 39 mètres de long. Allons voyons, une berline compacte n’est pas faite pour être allongée façon break. Vous imaginez une … porsche 911 break ?

J’étais donc au bout du rouleau. Après mes interrogations métaphysiques sur l’avenir du diesel, la disparition des voitures 3 portes m’a retourné.  Mais ce qui m’a achevé c’est d’apprendre que même la twingo, la voiture sans permis mais avec permis, est maintenant uniquement disponibles en 5 portes ! Bon, au moins, Renault a eu le bon goût de ne pas faire une twingo break.

Bref, bien emprunté que j’étais de ne pas pouvoir prendre de décision, j’ai laissé filer le temps sans m’en rendre compte. En plus, le confinement de mars 2020 n’a fait qu’empirer la situation puisque je n’ai … pas sorti la voiture pendant plusieurs mois d’affilée.

Re-bref, un jour je reçois un courrier. J’ouvre, c’est une jolie plaquette cartonnée pliée en deux qui m’annonce que ma voiture doit passer au contrôle technique. Et le concessionnaire m’assure qu’il s’occupera de tout moyennant la somme ridicule de … 5 fois le prix habituellement constaté d’un contrôle technique 😉

Bon, je suis les instructions et je me rends sur mon espace perso sur le site web du constructeur. Je prends rendez-vous en ligne pour … jeudi prochain ! Ho yes, trop bien. J’avais entendu qu’après le déconfinement, tous les français se précipitaient dans les centres de contrôle technique et qu’il était impossible d’avoir un rendez-vous avant plusieurs mois. On est dimanche et j’ai un rendez-vous pour jeudi … je suis un winner et pis c’est tout !

Bon, bref, mercredi je reçois un appel téléphonique : « Allo, c’est pour votre rendez-vous pour votre véhicule … oui … oui c’est ça … bein … voyez-vous, il y a un petit décalage entre le site web et le planning de l’atelier … » Bref, au final, j’ai rendez-vous le 28 août, dans un mois … quoi …

Les jours s’écoulent, tranquilou et un jour dans ma boîte aux lettres c’est la saturation d’enveloppes. Tiens, étrange me dis-je … j’ouvre la première : Autosecuritas contrôle technique qui m’invite pour le contrôle technique de mon auto. J’ouvre la deuxième : AS AutoSécurité contrôle technique qui m’invite pour le contrôle technique de mon auto. J’ouvre la troisième : AUTOSUR contrôle technique qui m’invite pour le contrôle technique de mon auto. Bref, j’en ai 5 ! Quel succès me dis-je

Et pour AS AutoSécurité contrôle technique j’ai même un petit flyer spécial COVID-19. Mais bon, c’est pas forcément un gage de sérieux car regardez bien la photo … il y a 3 courriers AS AutoSécurité contrôle technique ! Sur le coup, j’ai pensé qu’ils étaient généreux sur le pot ou bien qu’ils n’avaient pas trop confiance en LaPoste ou je ne sais quoi. Mais pas du tout, il faut bien lire le courrier et on découvre que ce sont 3 centres différents : Il y a KHALED AZMAN responsable du centre de Noisy le Grand, DAVID DAS NEVES du centre du Plessis Trevise et SOLEYMANE FOFANA du centre de Champigny sur Marne.

Je comprends donc que chez AS AutoSécurité contrôle technique ils appartiennent au même réseau mais … ils se concurrencent entre eux quand même, faut pas déconner. Et attention ça rigole pas … ils quadrillent le chaland … le client potentiel pas le bateau à fond plat … je suis encerclé. Si si Noisy au Nord, Le Plessis à l’Est et Champigny au Sud. Il n’y a rien à l’Ouest mais j’ai vérifié sur leur site … il n’y a pas de centre AS AutoSécurité contrôle technique à Nogent sur Marne … ha ha !

Ensuite … j’ai pensé à Greta Thunberg ! Si si, de toute façon il fallait que je place son nom quelque part pour être repéré par les moteurs de recherche. Mais la raison est tout autre. Voyez-vous, il y a 52 millions de voitures en France (cf Wikipédia). Imaginez l’arithmétique :

  • 5 enveloppes x 52 millions = 260 millions d’enveloppes
  • 5 feuilles A4 x 52 millions = 260 millions de feuilles A4
  • 3 flyers Covid-19 x 52 millions = 156 millions de flyers
  • 260 millions de timbres x 0.97 euros = 252 millions et 200 mille euros

Sachant qu’avec une cartouche d’encre standard on peut imprimer environ 180 feuilles format A4 et que sur mes 5 courriers j’en ai 4 en recto-verso, c’est donc l’équivalent de 9 pages :

  • (9 pages x 52 millions) divisé par 180 = 2 millions 600 milles cartouches d’encre
  • 2 millions 600 milles cartouches d’encre x 15 euros = 39 millions d’euros

Et je vous passe le flyer …

Bref, 260 millions d’enveloppes, 260 millions de feuilles A4, 156 millions de flyers … vous imaginez la zône de forêt amazonienne qu’il faut couper pour faire tout ce papier ? Et 2 millions 600 milles cartouches d’encre … vous imaginez l’équivalent carbone ?

Non, je vous le dis … le contrôle technique … c’est pas écologique …

Il faut arrêter de nous beurrer les lunettes … le 2

#BeurrerLesLunettes

Pour ce numéro 2 de la mini-série « Il faut arrêter de nous beurrer les lunettes« , je voudrais vous parler d’un phénomène dont vous n’avez vraisemblablement jamais entendu parler ni même imaginé. Et pourtant, en tant que contribuable, il s’agit d’un phénomène auquel vous contribuez … sans le savoir.

Je vais vous parler de … la recherche scientifique. Houlala non, ne fuyez pas ! Vous allez voir, il n’y aura aucune équation mathématique.

Voyez-vous, en France, la recherche scientifique est financée pour une grande partie par … nous les contribuables. En effet, les chercheurs des universités françaises sont rémunérés pour leurs travaux de recherche par le ministère de l’enseignement supérieur donc l’Etat donc par nos impôts. Jusqu’ici vous me suivez.

Donc, si je continue mon raisonnement, les résultats de leurs recherches appartiennent au domaine public, comme l’on dit. Donc, en tant que citoyen Français et contribuable, je dois pouvoir y accéder et consulter ces résultats.

Très bien, on va donc faire comme Saint Thomas et on va vérifier.

Par exemple, on va dire que je m’intéresse aux recherches scientifiques sur les comportements des personnes qui sont dans une situation d’indécision vocationnelle. Pour le dire autrement, ce sont les personnes qui se disent qu’elles ont très envie de changer de travail, mais qu’elles ne savent pas du tout vers quel autre métier se diriger. Et du coup, elles ne prennent pas de décision liée à leur évolution professionnelle. Je tape donc dans un moteur de recherche adéquat, scholar.google.com pour ne pas le nommer (c’est la partie de google spécialisée dans la recherche scientifique) les mots clés qui vont bien.

Je trouve cet article scientifique qui porte le titre « The Career Indecision Profile: Measurement Equivalence in Two International Samples« . Cet article attire mon attention car il correspond bien à mon besoin. Je clique donc sur le lien et j’arrive sur la page de … l’éditeur. L’éditeur, c’est celui qui publie la revue scientifique à comité de lecture. Voilà l’écran :

Je regarde la liste des auteurs, donc des chercheurs qui ont travaillé sur cette étude et je constate qu’il y a des chercheurs français. Ce sont donc des travaux financés avec mes impôts. Effectivement, il s’agit d’une étude sur 2 groupes de personnes : des francophones (Français et Suisses) et des Italiens.

Je souhaite donc consulter les résultats. Seulement voilà, pour cela je dois débourser … 36 dollars ! En clair l’éditeur s’est approprié le fruit d’un bien public et l’a confisqué pour son usage personnel et surtout pour en faire un juteux business. En effet, dans cet exemple, j’ai souhaité consulter un seul article. Mais si j’étais en situation de faire moi-même de la recherche, je devrais consulter un grand nombre d’articles pour alimenter ma propre réflexion et surtout ne pas réinventer l’eau chaude … en clair, faire une recherche sur un truc déjà trouvé.

Au bas mots, pour un article comme celui-ci, il doit y avoir une vingtaine de références à d’autres articles scientifiques, donc 20 x 36 = 720 dollars ! Vous l’avez compris, votre argent de contribuable va servir aussi aux enseignants chercheurs à … payer cet éditeur pour pouvoir lire les articles produits par … leurs collègues de l’université française d’à côté ! Et s’il s’agit d’un étudiant doctorant, il doit lister au minimum 250 références bibliographiques dans sa thèse soit … 9000 dollars ! Evidemment, aucun étudiant ne peut payer cette somme. Donc, pour lui permettre de faire sa recherche, l’université met à sa disposition les articles via la bibliothèque universitaire qui, elle, paye un abonnement à l’éditeur pour un certain volume d’accès. Et plus l’université compte d’étudiants, plus l’abonnement est coûteux. Et en multipliant cela par le nombre d’éditeurs, la facture atteint rapidement des sommets en regard duquel, l’Himalaya fait figure de … plat pays. Mais au final, cette facture, ce sont nous, les contribuables qui la payons.

Bon, ok me dire-vous, mais … quels sont les arguments de ces fameux éditeurs ? Car ils doivent bien justifier leur positionnement et s’ils étaient inutiles, il y belles lurettes qu’ils auraient disparus.

Et vous auriez raison car … c’est là où l’on commence à nous beurrer les lunettes. Voyez-vous, la différence entre votre TV magazine, 20 minutes ou encore Biba et une revue scientifique c’est … le comité de lecture. Autant vous pouvez écrire n’importe quelle ânerie dans Psychologie Magazine, autant la même ânerie ne sera jamais publiée dans le Bulletin de psychologie. Parce que le premier est une presse grand public et le second, une revue scientifique à comité de lecture. La différence c’est donc le fameux … « comité de lecture ».

Les chercheurs, qui souhaitent publier leurs résultats vont donc soumettre leur article à la revue. La revue va anonymiser l’article et l’envoyer aux membres du comité de lecture. Les membres du comité de lecture vont donner leur avis d’expert scientifique sur le contenu de la proposition d’article. Et, in fine, en fonction des avis des experts, la revue accepte, ou pas, la proposition d’article des chercheurs. Mais là où on nous beurre les lunettes … c’est que le comité de lecture est composé d’experts scientifiques de la discipline donc … des enseignants chercheurs Français payés par nos impôts !

Mais qu’est-ce qui fait tenir ce système complètement abracadabrantesque alors ? La réponse est malheureusement triviale : un chercheur n’existe que parce qu’il est publié. Et plus il publie, plus il existe. Mais s’il publie dans Psychologie magazine, il se discrédite alors que s’il publie dans le Bulletin de Psychologie, il grimpe en notoriété. Et comme sa carrière dépend du nombre de publications dans la hiérarchie, si possible, la plus prestigieuse des revues … et bien il contribue à entretenir le système en soumettant ses articles et en expertisant ceux de ses collègues …

Ça peut paraître absurde mais les enseignants chercheurs contribuent à alimenter un système qui pompe leurs ressources financières en échange d’un chiffre, leur ratio de publication/citation, qui les incite à encore plus alimenter le système qui pompe encore plus leurs ressources … un peu comme le rat qui pédale dans sa roue en recevant des décharges électriques désagréables mais qui continue à pédaler de plus belle, en recevant des décharges plus fortes uniquement parce qu’il a le sentiment que … plus il pédale plus le bout du tunnel s’approche …

Je souhaitais vous partager ce N°2 de la mini-série « Il faut arrêter de nous beurrer les lunettes« , car j’ai acquis le sentiment qu’il ne faut pas compter sur les chercheurs pour arrêter de pédaler dans leur roue. Ils sont trop addicts au système pour l’arrêter eux-mêmes car leur avenir professionnel est en jeu.

En revanche nous, en tant que contribuables, nous avons le droit d’enlever le beurre de nos lunettes et d’interroger ce mécanisme où nos impôts vont dans la poche des éditeurs. C’est à dire que nos impôts alimentent le chiffre d’affaire d’entreprises privées pour qu’elles donnent de bonnes notes à nos enseignants chercheurs pour qu’ils puissent faire une carrière professionnelle …

Et si je clarifie le raisonnement : sans le savoir, vous et moi payons des entreprises privées pour que nos enseignants chercheurs puissent évoluer professionnellement …

Pour aller plus loin :

Comment la pandémie de Covid-19 a servi d’accélérateur à la publication de fausses études scientifiques

6 Solutions innovantes facilitant l’accès libre et gratuit aux savoirs scientifiques payants 

https://politbistro.hypotheses.org/6354

https://www.dur-a-avaler.com/le-scandale-de-ledition-scientifique-et-comment-lire-presque-tous-les-articles-scientifiques/